On ne boudera pas notre plaisir avec ce Raidou Remastered, qui joue la carte d’une localisation et d’une remise au propre réussies.
- La localisation française
- Le côté enquête
- Les possibilités de fusions
- Une durée de vie honnête
- Les possibilités de fusion forcément bien expliquées pour les novices de la saga
- La caméra parfois foireuse
Raidou Remastered incarne l’équilibre parfait entre fidélité à l’original et modernisation essentielle. Que vous soyez nostalgique de la PS2 ou néophyte curieux, cet action-RPG entremêlé d’enquête vous captivera par son univers sombre et ses mécaniques profondes. Un remaster réussi, qui prouve qu’Atlus sait ressusciter ses classiques avec passion et savoir-faire.
En 2006, sur PlayStation 2, Atlus sortait Devil Summoner : Raidou Kuzunoha vs. The Soulless Army. Pour la première fois, la série Devil Summoner basculait dans l’action en temps réel et plongeait son détective-démon dans une uchronie façon film noir, version Japon Taishō. Aujourd’hui, Raidou Remastered redonne vie à cette pépite avec un coup de polish 4K/60 FPS, tout en préservant son charme d’origine.
Démons et bastons
Dès l’écran-titre, on replonge dans Tokyo 1931, où technologies naissantes et sociétés occultes se côtoient. L’intrigue démarre dans les beaux quartiers impériaux, avant de vous propulser dans des usines sombres et des ruelles saturées de bruits mécaniques. On récolte indices et témoignages, on résout de petits casse-tête, et on ouvre des portails démoniaques pour explorer de nouveaux quartiers. Le rythme alterne investigation et cinématiques, parfois avec des transitions un peu abruptes, rappelant les limites de l’ère PS2. Mais l’atmosphère – entre élégance rétro et tension occulte – tire toujours son épingle du jeu.
Dès les premières minutes, Raidou Kuzunoha IV impose sa présence : détective–démon à l’allure soignée, il jongle entre trench-coat et Magatsuhi avec une nonchalance glaciale. Son sérieux cache cependant une quête personnelle : comprendre l’héritage de son lointain prédécesseur et affranchir son nom des ombres du passé. À ses côtés, Narumi Arata, bras droit à la fois pragmatique et bienveillant, assure la logistique de l’agence. Son expérience dans l’ombre permet à Raidou de se concentrer sur l’action, mais son propre passé mystérieux alimente mille rumeurs. Sans oublier quelques visages récurrents : la jeune Yoko, informatrice au grand cœur, dont la curiosité vous entraîne parfois dans des quêtes annexes, ou encore Gouto, savant excentrique flanqué de rumeurs occultes.

Le cœur du système reste inchangé, et c’est tant mieux. Les combats en temps réel sont fluides et simples à prendre en main : attaque légère, charge, parade et esquive se combinent, non sans une légère dose de stratégie. La jauge MAG alimente vos compétences surnaturelles, tandis que vos deux démons coéquipiers patientent jusqu’à pouvoir balancer leur coup ultime.
La vraie star, c’est la fusion Magatsuhi : associez deux démons pour en créer un troisième, mixant affinités élémentaires et compétences héritées. À chaque victoire, vous récoltez des points de compétence à investir dans votre arbre Détective ou Combat, et vous customisez votre arsenal (armes, armures, accessoires). Un système riche, parfois déroutant pour les débutants, mais gratifiant pour les passionnés de builds.
Elémentaire mon cher Raidou
Dès vos premiers pas, l’enquête s’installe naturellement. La ville se présente comme un immense terrain de jeu où chaque ruelle, chaque usine désaffectée et chaque toit criblé d’antennes vous invite à la fouille. La minimap vous guide si vous le souhaitez, mais le sentiment de mener une véritable filature naît surtout de la densité des décors : affiches politiques déchirées, symboles occultes gravés sur les murs, failles murales dissimulant des passages secrets… Chaque recoin regorge d’indices à examiner pour comprendre l’origine de l’inquiétante “Armée sans âme”.
La fouille d’objets interactifs devient rapidement une routine passionnante. En déchiffrant des notes froissées ou des journaux intimes, vous reconstituez la psyché des personnages et leurs motivations. Examiner un cadavre partiellement dissimulé ou décrypter un glyphe ancien déclenche alors de subtils casse-tête : aligner des symboles dans le bon ordre ou reconstituer la chronologie d’un événement. Ces mini-épreuves, loin d’être de simples interruptions, enrichissent votre carnet d’enquête et dessinent progressivement la carte mentale du complot.

Les dialogues avec les témoins s’apparentent à un véritable jeu de rôle, où le ton que vous adoptez devient une arme à part entière. Vous pourrez choisir d’intimider un informateur en usant d’un ton ferme ou gagner sa confiance en faisant preuve d’empathie. Votre talent pour détecter les mensonges est même mis à l’épreuve grâce à un logiciel d’analyse faciale, qui révèle les hésitations et trahisons d’ombres peu scrupuleuses. Plus vos arguments sont construits, plus vous débloquez de révélations, et chaque question bien posée vous rapproche de la vérité.
Au cœur de votre enquête, l’ouverture de portails démoniaques représente un aboutissement à la fois narratif et ludique. Pour accéder à ces zones, il ne suffit pas de chercher le bon sigil : il faut reconstituer l’agencement chronologique des artefacts ou apaiser le gardien spectral qui s’y trouve. Ces défis, souvent liés à l’environnement—manœuvrer un mécanisme industriel ou replacer une relique dans son emplacement d’origine—offrent des respirations bienvenues avant de franchir la porte vers des combats surnaturels.
Chaque indice collecté influe directement sur la suite de votre investigation : il peut hâter votre face-à-face avec le boss d’un acte, débloquer une mission secondaire où vous sauvez des civils, ou encore modifier les choix finaux de Raidou. Les dilemmes moraux, devenus le cœur de l’aventure, vous obligent à peser l’intérêt du plus grand nombre contre le sort d’individus cruciaux, conférant à l’ensemble une profondeur rarement vue dans un action-RPG rétro.
Une revisite qui n’entâche pas l’original
Au programme de cette mouture 2025, voici les autres nouveautés :
- Textures repensées en 4K
- Éclairages dynamiques et modèles refaits
- Interface modernisée : minimap intégrée, quêtes épinglables, auto-save
- Bande-son et cinématiques remastérisées
- Tous les textes traduits en français, sans faute de ton ni coquille
En revanche, pas de doublage français – un choix compréhensible pour un spin-off un peu particulier, mais dommage pour l’immersion. Cela dit, on note quelques petites références rigolotes dans le sous-titrage français qui ont fait mouche, même si elles sont un peu hors de propos :

Sur Series X|S, Raidou Remastered tourne sans accroc à 60 FPS stables, avec des temps de chargement quasi nuls. La navigation entre la “capitale” et son royaume sombre reste fluide, et le HDR sublime les ambiances crépusculaires. Visuellement, on est à une limite entre la netteté actuelle, et le rendu de l’époque, juste ce qu’il faut pour que les personnages ne jurent pas avec le décor, et que les textures ne rendent pas les modèles 3D des personnages trop vilains, jugez-en par le screenshot ci-dessus. Qualité visuelle et framerate solides : un sans-faute technique pour un remaster console.
Raidou Remastered incarne l’équilibre parfait entre fidélité à l’original et modernisation essentielle. Que vous soyez nostalgique de la PS2 ou néophyte curieux, cet action-RPG entremêlé d’enquête vous captivera par son univers sombre et ses mécaniques profondes. Un remaster réussi, qui prouve qu’Atlus sait ressusciter ses classiques avec passion et savoir-faire.
Test réalisé depuis une version commerciale fournie par l’éditeur