[Spooky Season #2] Stopmotion de Robert Morgan

Entre étrangeté malaisante, surréalisme macabre et horreur poétique, découvrez Stopmotion. Le premier long-métrage de Robert Morgan, maître de l’animation image par image. Le digne concurrent de Mad God ?

A propos de Stopmotion

Quand on parle de stop-motion, on retrouve souvent parmi les fans un duo iconique dans la maîtrise de l’animation image par image : Tim Burton et le maître du genre : Phil Tippet. Une technique qui se raréfie avec le boom des effets numériques, mais que l’on prend plaisir à retrouver parfois.

Aux commandes de la pépite éponyme qui est disponible en exclusivité sur Shadowz (Vous pouvez d’ailleurs retrouver l’interview d’Aurélien Zimmermann – responsable édito de la plateforme ici), Robert Morgan. Un réalisateur inconnu au bataillon pour ma part… Mais à qui l’on doit une grosse quinzaine de courts-métrages, dont certains sont proposés ici en bonus. L’occasion de s’offrir une nouvelle plongée dans les profondeurs et les tourments de la psyché humaine. Ainsi que dans les dérives de la pulsion créatrice.

Ella travaille dans le domaine exigeant de l’animation image par image. Elle officie dans l’ombre envahissante de sa mère, star de la discipline désormais incapable de mener un projet à son terme. Un événement funeste va pousser Ella vers une autre forme de création.

Synopsis, Shadowz

Mon avis

Tout débute avec Ella. Une jeune femme qui vit sous le joug d’une mère dominatrice. Étant elle-même du métier, elle manipule sa fille telle une poupée afin de parfaire son geste. Mais aussi son dernier film manipulant sa fille comme le cyclope auquel elle essaie d’insuffler la vie. Mais tout bascule lorsque sa mère est hospitalisée suite à une attaque. Ella tient à finir le projet de sa mère dont les jours sont comptés. Mais une rencontre avec une bien étrange jeune fille va l’inciter à voler de ses propres ailes et à se lancer dans sa propre production…

Débute alors l’histoire d’une jeune fille perdue dans la forêt qui va croiser la route de l’homme cendres. Tentant de lui échapper, elle va être sa victime trois nuits de suite. Peu à peu, son cauchemar se révèle tout comme cette relation malsaine qui n’existe que dans l’esprit d’Ella. Le papillon va enfin prendre son envol, mais à quel prix ?

Encore victime de ses traumas, Ella tente tant bien que mal d’avancer. Tout en gardant en mémoire les sévices maternelles. Les chairs de mère et fille ne font plus qu’un avant d’entamer une descente vertigineuse dans la folie. Les fils séparant réalité et fiction sautent un à un. Nous faisant plonger dans la psychose profonde d’Ella. D’une simple hallucination, nous découvrons une soif de perfectionnisme qui pousse notre héroïne dans ses derniers retranchements.

Le fait de donner vie à une chose morte demeure au cœur de l’histoire. D’une simple figure de cire à un personnage quasi-humain… Nous découvrons son périple macabre qui vire au cauchemar tout en embrassant le body horror de David Cronenberg pas à pas. Un pantin néoromantique qui s’articule via les mains d’une artiste de la stop-motion à travers laquelle nous découvrons la difficulté de cet art. Mais aussi une concurrence féroce et ce même dans le domaine de la publicité.

Stopmotion est une fresque viscérale et fascinante dont on ne ressort pas indemnes. Une petite pépite du genre qui va ravir les amateurs du genre. Mais qui va également fragiliser psychologiquement ceux qui oseront franchir la limite. Un bijou rare à conserver dans son écrin, mais qui ne plaira pas à tout le monde. Cependant, prenez la peine d’y jeter un œil sans y laisser votre âme, vous ne serez pas déçus.