[Test] Visions of Mana : un voyage (in)attendu

Visions of Mana
Temps de lecture estimé :10 Minutes, 5 Secondes

Soyons honnêtes : le jeu a des défauts, dans sa narration notamment, mais quelle aventure ! Visions of Mana coche toutes les cases d’un bon épisode de la saga et même davantage, une belle réussite qui plaira aux vétérans comme aux néophytes

Plus

  • Des paysages superbes
  • Un voyage agréable
  • L’action de qualité
  • Des personnages hauts en couleurs (littéralement)
  • La quantité de jobs
  • La durée de vie honnête
  • Le challenge adapté
  • L’univers joliment respecté
  • L’ambiance sonore

Moins

  • Certains passages mous
  • Les PNJ c’est des poteaux
  • Les vibrations de la manette sur certains passages, pratiques pour faire un trou dans le placo

A la fois une belle porte d’entrée dans la saga et une suite qualitative en termes de respect de l’univers et d’apports propres à la diégèse de cet épisode, Visions of Mana est une belle cuvée. Voila qui démontre qu’on peut faire du bon avec des bases solides et une pincée d’originalité et surtout, avec un amour et un respect pour cet univers toujours plaisant à retrouver, à jouer, à entendre ou juste à contempler.


L’annonce d’un jeu de la série des Mana/Seiken Densetsu fait toujours son petit effet auprès des fans, entre impatience et crainte, mais cela reste un évènement car il s’agit d’une saga qui garde un certain lustre malgré les années. Beaucoup ont en tête le célèbre Secret of Mana, second opus qui a frappé fort les joueurs de Super Nintendo à l’époque, mais chacun a certainement fait ses armes sur d’autres titres selon les générations. Visions of Mana fera t’il partie de ces jeux marquants, gardant l’essence de la licence sans tomber dans certains travers ?

Visions of quoi ?

Pour vous poser un peu le décor, si vous ne connaissez pas la série, voici quelques points qui vont nous intéresser dans ce test, à savoir les marqueurs principaux de la saga. Une bonne série de jeu doit répondre à un certain cahier des charges, dont la recette initiale a souvent bien fonctionné et comme on dit, on ne change pas une équipe qui gagne. Ici, le point de départ qui a façonné les Seiken Densetsu reste le second épisode, Secret of Mana, qui a plu pour bien des raisons.

On va commencer par celle qui saute aux yeux : le côté visuel. Paré de couleurs vibrantes, cet univers est aussi riche en termes de variété de décors et également luxuriant. Riche en détails visuels, chaque recoin visité a une identité propre, qui donne cette sensation de voyage coloré qui fait plaisir à la rétine à chaque tableau.

L’identité sonore aussi joue un rôle important, car l’univers visuel est soutenu par des bande-sons mélodieuses, avec une certaine poésie lyrique pour les passages d’exploration, et des thèmes d’action pour les combats de boss en particulier qui donnent la cadence.

Du point de vue gameplay, il s’agit d’action-RPG avec un petit twist : vous pouvez faire apparaître un menu circulaire qui met l’action en pause, afin de choisir une action à réaliser sur chacun des trois personnages. Lancer un sort, utiliser un objet, ou parfois juste reprendre son souffle, cela fera penser aux systèmes de certains RPG, grossièrement comme Baldur’s Gate qui permet aussi de prendre le temps de forger une stratégie en mettant l’action en arrêt.

Mais point de tour par tour, ici l’action est bien en temps réel et il faudra choisir avec soin vos sorts et bien vous ravitailler en amont pour éviter de mauvaises surprises…

Chacun des personnages peut utiliser une palette d’armes variables, à utiliser selon les situations, et il est également possible de faire usage de sorts provenant de 8 élémentaires dont vous puiserez vos pouvoirs. Par exemple l’élémentaire Ondine est liée à l’eau, et selon le personnage les sorts seront variables, l’un pourra s’en servir pour la guérison, l’autre pour faire un bouclier, ou un autre pourra enchanter les armes avec l’élément eau. Cela permet une belle variété de combinaisons et pousse le joueur à tenter des expériences variées pour éviter la routine.

Outre l’univers, avec l’arbre Mana et ses légendes, le bestiaire est aussi un fil rouge d’un épisode à l’autre, avec les mêmes créatures, parfois de couleur différente pour marquer une version plus ou moins puissante. Les boss sont aussi toujours assez impressionnants et proposent un challenge intéressant, qui fait également le sel des Mana.

Voilà pour le petit tour d’horizon, vachement résumé histoire de ne pas vous perdre non plus dans un pavé interminable, pour vous dire que oui, Visions of Mana respecte beaucoup de ces critères. Parfois avec les mêmes traceurs, parfois avec quelques ajustements.

Les Tributs de Mana

Dans le monde de Qi’Diel, l’équilibre fragile entre la paix et la destruction ne tient que grâce aux offrandes. Ce sont des personnes qui sont choisies par un élémentaire différent dans chaque région afin que leur âme une fois sacrifiée à l’Arbre Mana permette d’éviter des catastrophes conséquentes.

Vous ferez d’abord connaissance avec Val, protagoniste masculin qui a le rôle de gardien des âmes. Sa mission est de protéger et mener les offrandes auprès de l’arbre Mana pour maintenir la paix. Il est accompagné de Hina, amie d’enfance, qui devient l’offrande de l’élément du feu, il faudra ainsi chercher dans les autres villages les heureux gagnants de la loterie du sacrifice.

Vous allez voir du pays car le monde est assez riche en termes de paysages, bien qu’assez classiques : plaines, montagnes, volcans, déserts, tout y passe mais avec une patte graphique cohérente et une richesse visuelle assez sympa qui distingue bien chaque contrée. On ne peut pas en dire de même pour les PNJ, qui malgré leur apparence variable selon les villes et régions, sont assez statiques et n’apportent pas de vie aux villages, se contentant de rester les bras le long du corps pour la majorité en attendant qu’on leur cause.

Par chance, les principaux personnages sont bien plus vivants et sont particulièrement soignés, sans que cela ne jure trop avec les autres quidams. Vos premiers pas dans le jeu seront l’occasion de vous familiariser avec les différents concepts de gameplay, qui est assez simple au premier abord mais s’enrichit bien en avançant dans vos aventures.

Elémentaire mon cher Watts

Si vous n’avez jamais touché à un jeu de la saga, rassurez-vous : tout est expliqué ! Avec quelques relents d’épisodes précédents pour ceux qui ont suivi les différents opus, sous forme de petits clins d’œil avec certains PNJ ou situations. En termes de maniabilité, les déplacements sont aisés et on s’habitue vite à sauter, double-sauter, faire des dash dans les airs, c’est assez fluide et cela permet quelques mini phases de plateforme basiques, une verticalité qui est la bienvenue. Bon par contre, impossible de faire l’impasse sur les vibrations parfois BIEN TROP VIOLENTES lors de certains passages, qui en deviennent déplaisantes. Heureusement c’est assez peu commun mais quand ça arrive, accrochez-vous ! (NB : il s’agit d’un constat lors de notre test, il est possible que cela ait été réglé avec un patch à posteriori)

Les combats sont simples et efficaces, vous pouvez bourriner sur la touche d’action faible ou forte, faire des combos, charger des attaques en laissant une touche d’attaque appuyée… Ca bouge bien et on se prend au jeu facilement. Avec une simple pression de la croix directionnelle haut ou bas, vous pourrez passer d’un personnage à l’autre, votre équipe active permettant d’avoir jusqu’à trois héros sur le terrain.

Vous pouvez également ouvrir à tout moment le fameux menu circulaire propre à la saga, avec les flèches gauche ou droite, mettant l’action en pause. Libre à vous ensuite de choisir vos sorts ou objets à utiliser. Par contre pensez à bien vous ravitailler en objets et de bien enregistrer ceux que vous voulez voir dans le menu avant sinon ça peut tourner au drame… Sachez que chaque combat confine à 9 objets enregistrés dans le cercle, même si vos en avec 99 dans votre inventaire. Ca met du piment, la difficulté étant assez bien dosée en mode normal, mais en difficile ou expert, faudra faire attention…

Qui dit jeu Mana dit élémentaires, et vous allez retrouver (ou découvrir) les 8 habituels, toujours sous forme de petit personnage représentant un élément différent. On l’a évoqué plus haut, chacun permet de lancer des sorts qui différeront selon le personnage. Pour avoir accès à ces sorts, deux possibilités : les débloquer dans l’arbre de compétences des éléments, appelé Arborescence élémentaire. Libre à vous d’y dépenser les Points d’éléments glanés sur votre route pour débloquer des sorts, des ninjutsus ou autres bonus offensifs ou défensifs permanents pour ce personnage, permettant d’avoir des sorts de plusieurs éléments.

L’autre solution est d’utiliser des graines de compétences, à placer selon vos préférences dans le menu équipement prévu à cet effet. Au départ vous ne pourrez mettre que 2 graines, mais par la suite vous pourrez débloquer plus d’espace pour attribuer des sorts, bonus de stats, résistances ou immunités. Cela permet un côté assez stratégique, car vous pourrez changer ces graines comme bon vous semble sur n’importe quel personnage.

Saint Mana

Mais ce n’est pas tout ! Au fil de vos voyages, vous récupérerez des Reliques Spirituelles, une pour chaque élément, qui permet d’activer des mécanismes particuliers pour avancer dans l’histoire, mais surtout, de pouvoir obtenir une classe en lien avec un élément et ainsi spécialiser vos héros. Dans le menu de l’équipement, rendez-vous dans la section des Reliques Spirituelles et essayez toutes les combinaisons possibles. Ce système de jobs était déjà connu dans notamment Trials of Mana, mais ici vous pourrez essayer chacun des 8 éléments pour chaque personnage, dont le choix influencera non seulement le visuel du héros, mais aussi les armes utilisables et les stats.

Par exemple en fusionnant Val avec l’élément du vent deviendra un Chevalier Runique avec une épée à 2 mains, d’autres deviendront Danseuse, Nomade ou Maitre des Runes par exemple avec ce même élément. D’ailleurs la première fois que vous débloquerez un job, vous aurez une petite animation façon Saint Seiya (les Chevaliers du Zodiaque pour les boomers comme moi) pour dévoiler votre nouvelle apparence, c’est assez cool.

Cette variété permet des combinaisons sympas de classes et cela se ressent au combat. Libre à vous après de dépenser vos points pour vous spécialiser dans un élément ou choisir un peu de tout, mais sachez que le nombre de points est limité au terme de votre aventure. Cela dit il sera possible de redistribuer les points dépensés avec un certain objet, pratique en cas de doute ou de choix peu intéressant selon vous.

Et au contraire, pour les amateurs de challenge, libre à vous de ne rien dépenser pour rendre le défi encore plus piquant.

Qi’Del ? c’est la zone !

Si l’histoire vous impose de vous rendre d’un point à l’autre, vous vous rendrez compte que Visions of Mana est malgré les apparences assez linéaire. Les zones semi-ouvertes et pour la plupart interconnectées offrent quelques découvertes à faire au gré de votre périple, mais une fois tous les coffres ouverts et points d’intérêt trouvés, il reste souvent peu de choses à faire si ce n’est éventuellement farmer quelques monstres pour des missions secondaires pas très intéressantes mais parfois lucratives, en or ou objets notamment.

En mode normal, il nous a fallu une trentaine d’heures pour arriver à la fin du jeu, sans trop forcer sur les quêtes secondaires mais surtout sans faire la totalité des à-côtés : les temples élémentaires pour débloquer 100% des capacités de chaque personnage, ou encore trouver les 38 P’tit Cactus cachés qui permet aussi de débloquer des bonus intéressants. Ajoutez à cela un mode New Game + ou le mode de difficulté Expert qui se débloque après la fin du jeu, vous allez avoir de quoi faire. Sans compter évidemment les variations de gameplay pour tenter l’aventure avec des classes différentes, c’est très correct en termes de durée de vie.

L’histoire en elle-même est plutôt simple, cela dit les enjeux de chaque personnage sont assez sympas à suivre mais ce n’est rien de bien révolutionnaire ni d’incroyablement touchant. C’est rageant parce qu’on sent une volonté de faire passer des messages ou des sentiments. La faute à une modélisation des visages et des animations qui ne permettent pas de faire ressortir beaucoup d’émotions aux différents protagonistes, et encore moins aux PNJ qui font le minimum syndical. Cela dit les doublages sont de bonne qualité, en anglais ou en japonais, et permettent d’insuffler un peu de vie dans les aventures de Val et sa troupe. Mention spéciale à l’antagoniste qui a quand même une sacrée gueule.

La véritable force de la narration de Visions of Mana vient des thématiques abordées, avec en vrac l’abnégation, le sacrifice, la foi, la douleur de perdre un être cher et l’éternel dilemme sur le bien de soi contre le bien de tous, avec des points de vue qui sont toujours intéressants et qui ici se croisent selon les personnages et les situations.

Et là vous allez me dire que c’est pas forcément foufou tout ça… Et pourtant, on est transportés par les paysages variés et luxuriants, par un monde rendu vivant par ses environnements et des bonnes idées en termes de level design, simples, certes, mais donnant une identité à chaque biome. C’est un vrai jeu Mana, même un très bon jeu Mana qui répond parfaitement à son cahier des charges en apportant sa propre identité, sa propre part de mythologie.

Notez que le jeu est jouable avec 2 modes graphiques, performances ou graphismes, on préférera le premier pour plus de justesse et defluidité lors des combats, la différence n’étant pas au final si choquante en termes de rendu. Un très bon point sur le score musical avec Hiroki Kikuta à la barre, qui restitue la magie de l’univers avec ses compositions, ici aidé de Tsuyoshi Sekito qui avait œuvré sur le très nul Dawn of Mana (mais musicalement sympa) et enfin Ryo Yamazaki. Fidèle mais pas juste bêtement copié, c’est une force pour cet opus, dont on retrouve quand même des sonorités qui feront frissonner les fans.

A la fois une belle porte d’entrée dans la saga et une suite qualitative en termes de respect de l’univers et d’apports propres à la diégèse de cet épisode, Visions of Mana est une belle cuvée. Voila qui démontre qu’on peut faire du bon avec des bases solides et une pincée d’originalité et surtout, avec un amour et un respect pour cet univers toujours plaisant à retrouver, à jouer, à entendre ou juste à contempler.

Test réalisé à partir d’une version commerciale fournie par l’éditeur

Rédacteur :

HerrKamper

Le retrogaming est ma passion principale, mais il ne faut pas tomber dans la tristesse du "c'était mieux avant" ! Les jeux aujourd'hui sont hyper variés, et proposent parfois des choses assez incroyables. Gardons l'esprit ouvert, loin des gueguerres et des clivages stupides et stériles, et n'oublions pas que le jeu est un loisir qui doit nous rassembler ! J'aime particulièrement les RPG, les jeux d'action et d'aventure, et j'apprécie particulièrement les titres avec une histoire riche et les univers déjantés ou atypiques.
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[…] en soit, je ne peux que vous recommander de partir découvrir cette aventure qui aux côté de Visions of Mana est l’un des meilleurs RPG que nous ayons pu voir cette […]

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