[Test] System Shock 2 : 25th anniversary Remaster – Le lifting de la honte

Temps de lecture estimé :4 Minutes, 29 Secondes

« Du passé faisons table en marbre »

Les +
  • L'ambiance
  • L'histoire
Les –
  • Le gameplay lourdingue
  • Visuellement vilain
  • Gameplay à la manette naze
  • Inintéressant pour un public qui ne connait pas la saga

System Shock 2 : 25th Anniversary Remaster se voulait un hommage respectueux au chef-d’œuvre de l’immersion sim, mais il rate l’occasion de se réinventer et s’écrase méchamment. Le cœur narratif et les mécaniques de base conservent certes tout leur pouvoir, mais le jeu aurait mérité un vrai remake, repensé en profondeur pour fluidifier le tir, épurer les menus et sublimer l’atmosphère par une refonte technique digne de son statut culte.


Mettre de la peinture sur des crevasses, ça n’a jamais eu de bons résultats, que ce soit pour les fissures d’une maison ou d’une tronche fripée, les affres du temps restent imprimées en profondeur. Ici c’est pareil, avec ce System Shock 2 remasterisé, qui n’est au final qu’un portage lissé sur consoles, dont il reste cependant l’ambiance et… Bien peu de choses en vérité.

Faire du moche avec du vieux

Lancé dans la sombre station Von Braun, System Shock 2 vous place dans la peau d’un survivant cryogéniquement réveillé au cœur d’une horreur matricielle. Dès les premiers audiologs, l’écriture paranoïaque tisse un récit oppressant où l’IA a fusionné avec un virus extraterrestre pour remodeler l’humanité en créatures mutantes. Les couloirs claustrophobes, baignés d’un silence oppressant entrecoupé de hurlements difformes, restent aussi puissants qu’en 1999 : chaque enregistrement audio, chaque rencontre avec un soldat formaté ou un monstre affamé participe à ce puzzle narratif sombre, oscillant sans cesse entre folie technologique et survie biologique. Tout commence avec un tuto vite torché et qui va vous mettre dans le bain direct et va vous révéler d’entrée de jeu tout ce qui cloche dans cette version, visuellement et manette en mains.

Sous ses atours de « haute définition », ce System Shock 2 peine à convaincre : la résolution 4K et le framerate débridé masquent à peine des modèles 3D toujours anguleux, dont les arêtes saillantes trahissent un moteur graphique ancien resté figé en 1999. Les textures, certes passées au pinceau pour gagner en netteté, révèlent souvent des aplats flous dès qu’on s’éloigne du point focal, et les surfaces métalliques manquent de relief là où les maps de normales auraient pu apporter de l’épaisseur. Côté éclairage, on reste en terrain connu : pas d’ombres volumétriques, pas de bloom subtil ni de god rays pour sublimer les tirs de lasers dans des couloirs sommaires ; les sources lumineuses se contentent de jets uniformes qui oublient de dynamiser l’atmosphère oppressante.

La refonte sonore fait le job sans être renversante : la bande-originale réorchestrée manque parfois de chaleur, tandis que le mix conserve la hiérarchie originelle (les audiologs vous chuchotent toujours au creux de l’oreille), sans tirer parti du Dolby Atmos ou d’un sound design 3D immersif. Sur consoles, les temps de chargement restent criants : chaque transition entre les modules se conclut par un écran noir prolongé, brisant l’immersion.

Enfin, l’ergonomie montre ses limites : les menus, calqués sur l’interface PC, se perdent dans des sous-couches inextricables ; l’inventaire en grille, sans tri automatique ni sélection rapide, confine à un casse-tête maladroit sur manette. Quant à la caméra, son inertie et sa lenteur de réaction égratignent la nervosité des rencontres, surtout quand un mutant surgit sans crier gare. Au final, les choix techniques ici opérés ressemblent davantage à un portage soigné d’un jeu d’époque qu’à une véritable mise à jour pour l’année 2025.

Passé dépassé

Le tir dans ce remaster reste un exercice de tension plus que de virtuosité : chaque arme, du pistolet léger au canon à plasma expérimental, conserve cette lourdeur d’antan qui vous pousse à peser chacun de vos coups. Le recul se fait sentir légèrement dans la manette, la sensation de puissance de tir est presque nulle et l’inertie omniprésente transforme chaque échange de tirs en un exercice délicat, où le joueur doit anticiper le mouvement de son adversaire plutôt que réagir instantanément.

Oubliez les aides à la visée modernes : pas de réticule adaptatif, pas de correction automatique : seules votre patience et votre sens du positionnement vous sauveront. Cette rigidité renforce le sentiment d’impuissance face à la menace constante, certes, mais frustre aussi lorsqu’on attend un peu plus de souplesse pour enchaîner les headshots. On ressent partout l’empreinte du gameplay qui sent bon la naphtaline, et si elle conserve un charme brutal, elle appelle une remise à jour plus audacieuse qu’un simple lissage.

Le hacking, pilier de l’expérience System Shock, s’adresse toujours aux amateurs de casse-tête à la fois logiques et nerveux : chaque tentative de piratage se joue sur une grille de carrés colorés, où constituer la ligne gagnante s’apparente à un duel contre la montre. Sur PC, le clic précis et instantané rend l’opération presque jouissive ; en revanche, sur manette, le curseur accroche, la navigation se fait au ralenti et chaque validation porte la promesse d’un délai lunaire. Sans raccourcis ni macros pour fluidifier la progression, le joueur se retrouve à répéter les mêmes gestes, à compter les cases et à reculer au moindre faux pas, même lorsque l’alerte se déclenche et qu’un garde ou un mutant rapplique. Ces phases restent savoureuses pour les puristes, mais le joyau originel méritait une ergonomie repensée : intégration de touches rapides, prévisualisation des coups sûrs ou mini-jeu alternatif, autant d’évolutions qui auraient évité la sensation d’un simple calque daté.

C’est dans la synergie des deux mécaniques que le bât blesse : System Shock 2 promettait un équilibre subtil entre fusillades implacables et piratages stratégiques, mais la transition entre ces univers manque ici de liant. Abattre un ennemi pour récupérer sa carte d’accès, pénétrer un terminal pour réactiver une tourelle et revenir au combat doit constituer un rythme haletant ; or chaque passage de l’un à l’autre freine l’élan, tantôt à cause d’un contrôle peu précis, tantôt par la lourdeur des interfaces.

Alors que quelques ajustements de fluidité ou un mode « assistance » auraient pu renforcer l’immersion, on se retrouve souvent à lutter contre l’habillage plus qu’à se concentrer sur la tension dramatique. À vouloir rester fidèle au code source, ce remaster enferme ses mécaniques inégalées dans un carcan qui ne leur rend pas justice.

Mise à mort

System Shock 2 : 25th Anniversary Remaster se voulait hommage respectueux au chef-d’œuvre de l’immersion sim, mais il rate l’occasion de se réinventer et s’écrase méchamment. Le cœur narratif et les mécaniques de base conservent certes tout leur pouvoir, mais le jeu aurait mérité un vrai remake, repensé en profondeur pour fluidifier le tir, épurer les menus et sublimer l’atmosphère par une refonte technique digne de son statut culte.

Le retrogaming est ma passion principale, mais il ne faut pas tomber dans la tristesse du "c'était mieux avant" ! Les jeux aujourd'hui sont hyper variés, et proposent parfois des choses assez incroyables. Gardons l'esprit ouvert, loin des gueguerres et des clivages stupides et stériles, et n'oublions pas que le jeu est un loisir qui doit nous rassembler ! J'aime particulièrement les RPG, les jeux d'action et d'aventure, et j'apprécie particulièrement les titres avec une histoire riche et les univers déjantés ou atypiques.

Laisser un commentaire

Avant de partir...

En LIVE sur Twitch ! OFFLINE on Twitch