[Test] Space Adventure Cobra – The Awakening : la légende venue du passé !
L’annonce de l’adaptation de Cobra en jeu vidéo est un événement qui résonne dans le cœur d’une génération de nostalgiques dont le générique interprété par Olivier Constantin a certainement surgi d’un passé lontain. Après des années d’adaptations variées, Microids et le studio Magic Pockets se sont lancés le défi ambitieux de porter le légendaire pirate de l’espace sur consoles et PC. L’annonce de Space Adventure Cobra – The Awakening a instantanément fait monter une vague de hype de toute une génération, galvanisée par la perspective de retrouver le Psychogun, Armaroid, et cette ambiance pulp rétro-futuriste si caractéristique.

La genèse d’un mythe
Cobra puise ses racines dès novembre 1978, quand Buichi Terasawa publie Space Adventure Cobra dans les pages du Weekly Shōnen Jump. Sur une période de plus de six ans, la série connaîtra 18 tomes initiaux, réédités à plusieurs reprises, et s’imposera comme un pilier du space opera manga, mêlant science-fiction, espionnage et humour décalé. Le succès est tel qu’il atteindra rapidement des ventes cumulées dépassant les 50 millions d’exemplaires à travers le monde, posant les fondations d’un univers foisonnant et intemporel
L’année suivante, l’œuvre passe à l’écran avec Cobra : Space Adventure, un film de 99 minutes sorti le 23 juillet 1982, suivi d’une série télévisée de 31 épisodes diffusée du 7 octobre 1982 au 19 mai 1983 sur Fuji TV. Sous la houlette d’Osamu Dezaki et du studio TMS Entertainment, la mise en scène se pare des fameuses “postcard memories” et d’une direction artistique audacieuse, insufflant au récit un cachet visuel unique. Cette adaptation marque durablement la pop culture des années 80 et installe Cobra comme une icône du média animé japonais.
Plus qu’un simple pirate de l’espace, Cobra est un personnage forgé à l’image de Jean-Paul Belmondo, du moins selon son créateur Terasawa qui avoue s’être inspiré du charisme du célèbre acteur français pour façonner son héros. Cette filiation franco-japonaise confère à Cobra cette nonchalance insolente, le sourire narquois et le flegme nécessaire pour désamorcer chaque situation explosive d’une réplique bien placée. Armé de son fidèle Psychogun, un canon dissimulé dans son avant-bras gauche, et flanqué de l’androïde Armaroid, Cobra incarne l’anti-héros ultime, attirant irrésistiblement l’admiration et l’affection de générations de fans
Homme ou machine ?
L’histoire de The Awakening emprunte la trame des 12 premiers épisodes de l’anime, offrant un condensé rythmé de la quête des trois sœurs royales traquées par la Guilde des Pirates de l’Espace. Le joueur endosse la combinaison scintillante de Cobra, part à la rescousse des princesses Nelson, affronte des sbires de verre et déjoue un complot galactique qui menace de plonger l’univers dans le chaos. Cette fidélité narrative est servie par des cinématiques soignées et des dialogues piquants, qui ponctuent l’aventure de clins d’œil aux aficionados comme de portes d’entrée pour les néophytes

Côté gameplay, le titre oscille entre run & gun et action-plateforme. Cobra court, saute, grimpe et abat les vagues d’ennemis grâce à son Psychogun, dont les rafales d’énergie apportent une sensation jouissive, du moins quand la visée répond. Le cigare, le grappin et le Colt Python 77 se dévoilent en gadgets complémentaires pour varier les phases de plates-formes et résoudre quelques puzzles environnementaux. À noter la possibilité de jouer en coopération locale à deux, une idée bienvenue pour partager le fun sans prétendre révolutionner le genre
Graphiquement, The Awakening opte pour un rendu plutôt concaincant : les décors offrent un panorama de planètes exotiques, de bases spatiales et de jungles futuristes, parfois trop simplifiés, mais toujours imprégnés de la patte 80’s. Les animations restent globalement fluides, même si certains mouvements semblent datés, rappelant davantage un titre mobile de la génération précédente qu’une production cross-plateformes ambitieuse. Les textures manquent de finesse, tandis que la direction artistique peine à transformer la nostalgie en charme durable, oscillant entre hommage et fadeur technique
Pourtant, comme souvent chez Microids, l’effort de finition mérite mention : aucune explosion de bugs majeurs n’est à déplorer. La stabilité est au rendez-vous, et même si le jeu frôle parfois la banalité dans ses environnements répétitifs, l’ensemble se parcourt sans accroc. Un fait d’autant plus étonnant quand on considère les productions antérieures de l’éditeur, réputées inégales en qualité technique
De la poussière dans le viseur
Malgré ces points forts, le titre souffre d’un gameplay approximatif : sauts flottants, grappin capricieux et accroches mal calibrées viennent ternir l’expérience. Les boss manquent de panache, recyclant inlassablement les mêmes patterns, tandis que les séquences de plates-formes tournent parfois à la routine. La mise en scène, globalement statique, ne parvient pas à retranscrire la tension ni l’insouciance espiègle de l’animé original. À 40 € le ticket d’entrée, on regrette une direction artistique en demi-teinte et un level design qui n’a pas mis assez de folie dans ses relents pulp

La campagne se boucle en six à dix heures selon votre tempérament explorateur et le palier de difficulté choisi, laissant peu de contenu après le générique de fin. Le mode coopératif, s’il prolonge la vie du jeu, n’offre pas de défis supplémentaires ni de niveaux inédits, limitant la rejouabilité. Les amateurs les plus exigeants pourront pester contre l’absence de choix narratifs et de quêtes secondaires, autant de libertés sacrifiées au profit d’une linéarité parfois frustrante
The Awakening est donc une déclaration d’amour respectueuse à l’univers de Buichi Terasawa, sans renverser les codes de l’action-plateforme. Il s’adresse avant tout aux fans nostalgiques prêt·e·s à pardonner quelques maladresses pour retrouver l’essence du héros. Les néophytes y découvriront un space opera flamboyant, mais risquent de s’ennuyer face à des mécaniques trop sages et un univers mal exploité. Entre hommage et demi-succès, ce Cobra de Microids attise la curiosité sans jamais allumer totalement la flamme.
En conclusion, si Space Adventure Cobra – The Awakening parvient à capturer l’essence visuelle et narrative de la licence, les belles intentions ne compensent pas un gameplay en demi-teinte et des zones graphiques trop conservatrices. Reste l’enthousiasme de voir Cobra incarné en jeu vidéo moderne, une étape encourageante pour cette licence culte. On espère qu’un éventuel DLC ou même un prochain projet bénéficiera d’une enveloppe technique plus généreuse, pour révéler enfin tout le potentiel explosif du pirate de l’espace.
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