[Test] Pentiment : faites entrer l’accusé (version 16ème siècle)
Pentiment
Les studios Obsidian savent raconter des histoires : de Fallout New Vegas à The Outer Worlds, la firme californienne a montré à plusieurs reprises sa maîtrise du RPG avec une multitude d’embranchements. Pentiment reprend en partie leur formule gagnante, en y ajoutant divers genres, à savoir un aspect enquête et un style point & click. Mais l’originalité de ce titre atypique réside dans sa direction artistique et son contexte, qui sortent des sentiers battus.
Raison et Pentiment
Après l’espace, le monde post-apocalyptique ou le jardin de Grounded, Pentiment reste sur Terre, mais au temps de la Renaissance. Direction l’Allemagne, où vous découvrirez l’Abbaye de Keirsau, dans un habillage tout droit sorti des livres enluminés du XVIème siècle. Cette direction artistique très particulière est assez clivante : à l’heure du raytracing 8k 120fps, certains verront dans ces images comme un affront. A tort, car Pentiment offre un cadre assez original, et à forte capacité immersive, pour peu que les nombreux dialogues ne vous effraient pas. On notera aussi l’aspect sonore, notamment musical, presque inexistant.
Vous y incarnez Andreas Maler, maître-artisan de son état, qui va se retrouver mêlé à un crime sordide. Suite à l’assassinat d’un noble, un moine est accusé à tort de ce meurtre. Il va falloir papoter avec à peu près tout le monde pour pouvoir comprendre les tenants et aboutissants de Pentiment. Si l’histoire est particulièrement intéressante, mais aussi très prolixe, il faut avouer qu’elle démarre assez doucement. Les premiers instants, c’est plus l’esthétique qui va vous étonner que l’histoire, mais cette dernière comblera vite ce manque avec des dialogues savoureux, des thématiques variées portant sur des sujets d’époque, et évidemment une propension à la réflexion. Gare à ne pas répondre n’importe quoi, sous peine de rencontrer des réactions parfois assez extrêmes !
La progression se fait à la journée, qui se divise en plusieurs étapes. Le temps est compté, et il faudra choisir avec qui discuter, préférerez-vous passer du temps avec un suspect potentiel, ou aller discuter avec des personnes qui connaissent les potins du coin ? Aucun choix n’est fondamentalement mauvais, mais vos choix peuvent avoir un impact important, même pour une broutille, qui pourra vous revenir en pleine face bien plus tard dans le jeu.
Il faut avoir en tête que Pentiment est régi par l’étiquette et les croyances de son époque. D’une grande précision, il est aussi bien fourni en termes qui paraissent barbares aujourd’hui, mais ne prend jamais les joueurs de haut et reste toujours ludique et intelligible sans devoir sortir un vieux grimoire pour comprendre le phrasé du moyen-âge.
Et on lui pèlera le jonc !
Au début du jeu, vous pourrez choisir votre classe, qui aura pour utilité de faire varier les dialogues en fonctions de vos connaissances. Une idée qui invite à la rejouabilité, mais ce n’est pas le seul !
On retrouve la patte d’Obsidian, notamment dans les embranchements causés par vos choix de dialogues. Ils auront un impact sur le déroulement des évènements, mais ne vous attendez pas à de simples aspects bon/mauvais, parfois ce qui vous semblera juste aura des répercussions néfastes, et vice-versa… Mais au final, ce sera votre jugement qui comptera : on ne vous servira pas le coupable sur un plateau, et il faudra faire un choix selon votre ressenti : les dialogues, indices, interprétations… Qu’il est bon de ne pas être tenu par la main avec un simple tapissage de personnages !
D’autant que la galerie de PNJ est vaste, avec une personnalité propre, que vous saurez apprécier selon vos critères. Leur histoire, leurs réactions, leur façon d’être et de réagir : vous apprendrez à les connaître au fil de vos discussions et à vous forger votre propre opinion… Et confirmer ou infirmer vos potentiels soupçons.
Pointons l’évidence : le jeu est régi par les dialogues. Si quelques mini-jeux et objets à collecter permettent de s’évader un peu, Pentiment est un titre dont l’histoire et les dialogues (parfois répétitifs) sont au cœur du gameplay. Pas de phase de combat ou d’action particulière, il est donc à réserver aux fans d’aventure pure, comme les point & click les plus traditionnels. Mais pour quiconque apprécie le genre, la DA, l’écriture et l’aventure sauront vous combler, d’autant plus que le jeu est proposé à un prix assez doux de moins de 20€.
Comptez entre 15 et 20 heures pour boucler l’histoire principale, qui est divisée en 3 actes (et générations) différents, avec derrière un potentiel de rejouabilité très intéressant. Malgré quelques lenteurs et des moments un peu moins bien rythmés au fil de l’aventure, Pentiment propose une aventure et une histoire solides, avec d’excellents dialogues, des personnages variés, et surtout ce couperet qui proviendra de votre seul jugement. Et cette décision saura vous impacter plus que vous ne l’imaginez…
Plus
- Techniquement original
- Une histoire en béton
- Un choix qui reste le votre au final
- La rejouabilité
- Durée de vie honnête
- Le prix tout doux
Moins
- Rythme en dents de scie
- Déconseillé aux allergiques à la lecture
- Pas d’ambiance musicale
