[Test] Mafia: The Old Country – Une offre que l’on ne peut pas refuser ?!
Mafia: The Old Country n’est peut-être pas “une offre que l’on ne peut pas refuser”… mais pour peu qu’on aime l’ambiance Mafia, on serait fou de la refuser. 😉
- Ambiance folle
- Graphiquement très solide
- Mise en scène réussie
- Enzo Favara & Isabella
- la Sicile du début XXe
- Infiltration datée et frustrante
- Caméra Capricieuse
- Structure Ultra-Linéaire
- Rythme Bancal et Fin Abrupte
- Gameplay daté en général
- Courses de voiture ou de cheval : impossible de perdre !
Nous y voilà : retour aux sources de la mafia, direction la Sicile du début du XXe siècle. En lançant Mafia: The Old Country, j’ai tout de suite senti que ce voyage serait surtout une ambiance, et pas vraiment un jeu. Pour m’immerger complètement, j’ai d’ailleurs utilisé mon astuce personnelle : désactivation totale du HUD et déplacement en mode piéton tranquille, afin de vivre le jeu comme un touriste mafieux.
Il faut dire que le jeu nous happe immédiatement grâce à son atmosphère soignée. La promesse était claire : un épisode recentré sur la narration, à la manière d’un film, qui laisserait de côté l’open world de Mafia 3. Et honnêtement, les premières minutes tiennent parole. On commence dans les entrailles d’une mine de soufre sicilienne, où les conditions sont infernales. Reste à savoir si l’histoire allait être à la hauteur de cette introduction — et si le jeu allait tenir la distance sur le plan technique, car j’avais également entendu quelques critiques à ce sujet.
Dans Mafia : The Old Country, on incarne Enzo Favara, un jeune Sicilien embarqué bien malgré lui dans la criminalité locale. Sans trop en dévoiler, disons qu’après un prologue explosif, Enzo se retrouve sous la protection d’un parrain, Don Torrisi. Ce dernier voit un potentiel en lui et l’intègre à sa « famille ». L’ascension d’Enzo dans le milieu mafieux de Sicile commence alors. Si vous avez vu deux ou trois films de gangsters dans votre vie, l’intrigue ne vous dépaysera pas : c’est du classique. On voit venir certaines trahisons à des kilomètres et les thèmes (l’honneur, la famille, la vengeance, l’amour impossible, etc.) restent dans des sentiers ultra-balisés. La surprise, c’est qu’il n’y en a quasiment aucune. C’est cousu de fil blanc du début à la fin — j’ai pu prédire l’issue de chaque arc narratif dès les premières scènes.

Est-ce que cela signifie que l’histoire est inintéressante pour autant ? Pas forcément. Les clichés existent parce qu’ils fonctionnent, et ici ils sont exécutés avec sérieux et soin. La mise en scène est franchement réussie : Hangar 13 nous régale de cutscenes cinématographiques dignes d’un bon film de mafieux. Chaque chapitre est l’occasion d’admirer des plans travaillés, des éclairages soignés, et d’écouter des dialogues bien interprétés par des acteurs convaincants. J’ai apprécié que le jeu prenne son temps sur certaines séquences, ces moments de calme renforcent l’immersion – et je n’étais pas le dernier à en profiter vu ma manie de tout observer sans HUD. L’ambiance sonore y est aussi pour beaucoup : les musiques oscillent entre compositions italiennes d’époque et clins d’œil aux anciens Mafia. À plusieurs reprises, j’ai tendu l’oreille en me disant “Tiens, cette mélodie me dit quelque chose…” – oui, on reconnaît quelques thèmes musicaux des premiers opus glissés subtilement, un vrai petit bonheur pour les fans de longue date.
Au fil des ~12 heures que dure l’aventure, la narration reste donc solide mais sans prise de risque. Le jeu déroule une histoire de mafia “comme on en a déjà vu des dizaines”, efficace mais sans génie. J’ai tout de même été captivé par certains personnages bien écrits, notamment la belle Isabella, la fille du Don, promise à un baron local mais dont la complicité avec Enzo apporte un peu d’émotion. Malheureusement, d’autres arcs narratifs m’ont laissé sur ma faim. Le rythme du récit, par exemple, m’a semblé inégal : une montée en puissance lente, suivie d’une dernière ligne droite un peu expédiée. La fin arrive de manière abrupte, sans épilogue très clair, ce qui m’a fait cligner des yeux devant l’écran en mode “Déjà fini ?!”. J’aurais volontiers signé pour un chapitre supplémentaire, tant certains aspects méritaient d’être approfondis.




Passons aux choses sérieuses : qu’est-ce qu’on fait dans The Old Country une manette en main ? Eh bien, globalement, on alterne entre des phases d’infiltration, des gunfights, un peu de balade à cheval, et beaucoup de transit d’un point A à un point B en suivant sagement le script. Le gameplay se veut à l’ancienne, pour le meilleur et pour le pire.
L’infiltration, d’abord, occupe une place non négligeable dans les missions. Malheureusement, c’est sans doute l’aspect le plus faible du jeu. On a affaire à un système très basique, presque daté : Enzo peut se baisser, marcher accroupi lentement, faire du takedown furtif par derrière… et c’est à peu près tout. Pas de gadgets high-tech (évidemment, en 1904 on fait avec un simple couteau et nos baskets), pas de mécanique de déguisement ou de diversion élaborée. On reste dans du “passe dans le dos du garde quand il a le dos tourné”. Pourquoi pas, sauf que dans l’exécution, c’est souvent bancal. J’ai eu droit à des situations un peu folle: par exemple, neutraliser un garde à deux mètres de son collègue sans que l’autre ne remarque rien. Le pathfinding des PNJ pose aussi problème : j’ai observé des gardes faire du surplace contre un mur ou répéter inlassablement le même trajet de ronde de manière très artificielle. Forcément, ça casse un peu l’immersion. Qui dit infiltration dit aussi échecs instantanés : The Old Country adore les séquences “vu = perdu”. Si vous vous faites repérer, game over et retour au dernier checkpoint. Et là, on grimpe vite dans les tours côté agacement, car les checkpoints ne sont pas toujours très généreux… Je peux déjà entendre les puristes crier que “ça a du sens de rater la mission quand on est grillé”. Certes, mais quand c’est mal fichu et qu’on se fait allumer à cause d’une IA aux fraises, bonjour la rage. Au final, je l’avoue, sur certaines missions j’ai fini par faire exprès de me faire repérer pour passer en mode bourrin, tant ces phases d’infiltration m’ennuyaient ou me tapaient sur les nerfs. Ironie du sort, le jeu nous y pousse lui-même : souvent, même en réussissant l’infiltration parfaite, l’affaire dégénère en fusillade scénarisée ensuite… Alors à quoi bon ?




Heureusement, les gunfights rattrapent un peu le coup. Mafia: The Old Country opte pour du tir à couvert à l’ancienne, caméra épaule et visée assez classique. On a un arsenal d’époque : revolvers, fusils de chasse, fusils à pompe et des couteaux. La sensation de tir est plutôt bonne : les armes ont du punch, en grande partie grâce à un sound design plutôt cool. La prise en main est un peu rigide (on sent que les vieux tromblons de 1900 ne sont pas des modèles de précision, et le personnage n’est pas un athlète non plus), mais on s’y fait vite. L’IA ennemie, en combat ouvert, m’a agréablement surpris par moments : en difficulté standard, les adversaires ne sont pas des flèches mais ils n’hésitent pas (des fois) à contourner ou à rusher quand on campe trop. Je me suis fait déborder une ou deux fois par excès de confiance, ce qui prouve qu’ils savent profiter d’une occasion. Cela dit, ne vous attendez pas à un challenge insurmontable : la difficulté est globalement modérée, Enzo n’encaisse pas des masses (deux ou trois balles perdues et on va nourrir les pissenlits par la racine). J’ai trouvé ce juste milieu pas mal du tout, assez nerveux sans être injuste.




Un élément de gameplay m’a toutefois fait lever un sourcil : les duels au couteau. Oui, vous avez bien lu. À plusieurs reprises, des combats importants se terminent par une petite baston à l’arme blanche en un contre un, avec un mini-système de mêlée (esquiver au bon moment, contre-attaquer, attaquer rapidement ou faire une attaque lourde pour briser la garde adverse). Sur le papier, ça change des fusillades, pourquoi pas. En pratique, ces duels sont très simplistes et un poil ridicules dans leur mise en scène. Imaginez : vous coincez un gros bonnet ennemi, il vous pointe avec son pistolet… et pouf, il le jette par terre pour sortir un couteau et vous défier “à l’ancienne”, pendant que tous ses sbires regardent le spectacle sans intervenir. Le cliché absolu, un brin risible – j’avais l’impression d’être dans un vieux western. Ce n’est pas bien méchant (ces combats restent faciles à gagner et ça change la routine), mais ça m’a fait sourire tant c’est peu crédible dans un contexte qui se veut sérieux !




Parlons d’un aspect plus original maintenant : les chevaux. Exit les belles Ford des années 30, ici on voyage parfois à dos de canasson à travers la campagne sicilienne. J’ai vraiment apprécié ces moments à cheval, qui apportent une touche dépaysante. Trottiner entre les oliviers au soleil couchant aux côtés d’Isabella, ça avait un petit goût de Red Dead Redemption version Mafia – pas désagréable du tout. La maniabilité du cheval est correcte, sans plus mais on s’adapte. Le jeu nous gratifie même d’une course de chevaux en pleine ville à un moment, et impossible pour moi de ne pas penser à la mythique course de voitures de Mafia 1. Ici, la course à cheval est scénarisée, assez facile, mais ça m’a fait un clin d’œil nostalgique. J’ai presque entendu la voix du mécanicien de Mafia 1 me dire “Accélère, Tommy !” sauf que là c’était “Hue, Enzo !”. Ce sont des petits moments comme ça qui m’ont fait plaisir, qui donnent du charme au gameplay malgré son classicisme.
En dehors des fusillades, infiltrations et chevauchées, The Old Country reste hyper linéaire dans sa progression. Chaque mission vous prend par la main d’un point scénaristique au suivant, sans vraiment vous laisser improviser ou explorer librement durant l’histoire. Les objectifs sont souvent stricts (suis ce personnage, planque-toi ici, ne t’éloigne pas de la zone…). Oubliez l’idée de faire le tour du quartier pendant une mission : si vous n’allez pas là où le jeu veut, il va vous rappeler à l’ordre fissa (voire vous coller un bel écran “Mission Échouée” si vous faites le fou). C’est parfois trop dirigiste à mon goût. J’aurais aimé pouvoir tenter des approches différentes, mais la plupart du temps il n’y a qu’une seule façon de faire les choses. Par exemple, quand une mission veut que vous infiltriez un bâtiment par le toit, inutile d’essayer la porte de derrière ou de soudoyer un garde : ces options n’existent pas, c’est toit obligatoire et pas autrement. On sent vraiment la structure à l’ancienne, scriptée à mort.Et si l’envie vous prend de faire un tour hors des sentiers battus ? Le jeu propose bien un mode Exploration séparé de la campagne, où l’on peut se promener librement dans la map après certaines missions. Mais honnêtement, il n’y a pas grand-chose à y faire. La ville et la campagne sont magnifiques (on en reparle juste après), sauf qu’en termes d’interactions c’est le désert. Pas de quêtes secondaires, pas de mini-jeux, pas de commerces où dépenser de l’argent (d’ailleurs, l’argent vous sert seulement à acheter quelques armes chez l’armurier du coin entre deux missions, et encore on trouve largement de quoi se fournir sur le terrain). Il n’y a même pas de police qui patrouille dans la ville en free roam : conduire à contresens ou sortir une arme en pleine rue ne provoque aucune réaction des passants ou des autorités, comme si le monde attendait sagement que la mission suivante commence. Quelques PNJ réagissent si vous bousculez trop fort, mais globalement ils sont amorphes. On est loin d’un GTA vivant et imprévisible – ici le monde ouvert est surtout là pour faire joli et raconter le contexte, pas pour offrir du gameplay sandbox. Personnellement, ça ne m’a pas trop dérangé car je jouais vraiment l’histoire en me concentrant sur l’ambiance. Mais je sais que certains regretteront ce manque de liberté et ce monde un peu creux une fois l’histoire terminée. Disons-le franchement : Mafia: The Old Country est plus proche d’un bon vieux Mafia 1 dans son approche (enchaînement de missions linéaires) que d’un Mafia 3 ou d’un GTA. C’est un choix assumé, qui a ses avantages (rythme maîtrisé, narration sans distraction inutile) mais aussi ses inconvénients (fausse impression de décor figé). À vous de voir si ça vous convient – moi, sachant cela, j’ai joué le jeu comme on regarde une série interactive, et ça m’allait très bien.



Abordons le sujet qui fâche un peu : la technique sur PC. Je vais être direct : Mafia: The Old Country n’est pas un modèle d’optimisation à sa sortie. Ma configuration de test (RTX 3090, Ryzen 9 3900XT, 32 Go de RAM) aurait dû faire tourner le jeu comme un charme en 4K… Eh bien, pas tout à fait. Avec les réglages en Ultra et le DLSS en mode Performance (pour réduire la résolution interne), j’ai oscillé en moyenne autour de 40-55 FPS dans la plupart des scènes. Ce n’est déjà pas fou pour une config de ce calibre, mais le pire ce sont les chutes brutales que j’ai subies sur certaines séquences. L’introduction par exemple, avec ses effets explosifs et son nombre d’éléments à l’écran, a vu mon framerate plonger à 20 FPS par moments ! 😱 Autant vous dire que sur le coup, j’ai cru que mon PC allait mourir… Ces gros ralentissements restent heureusement rares (essentiellement dans 2-3 scènes très chargées en particules/NPC), le reste du temps le jeu tourne entre 45 et 60 FPS. Mais ne vous attendez pas à du 60 FPS constant en 4K sans concessions, loin de là. Il faudra soit baisser quelques options graphiques, soit accepter quelques saccades ponctuelles. D’ailleurs, en extérieur, j’ai remarqué aussi quelques micro-stutters par moments lors des déplacements en voiture ou à cheval, probablement dus au chargement du monde. Rien de catastrophique, mais c’est là.
Graphiquement parlant, pourtant, le jeu en jette et on comprend pourquoi il tire sur la bête. Les décors de la Sicile des années 1900 sont sublimes : paysages de campagne baignés de soleil, petites villes aux architectures typiques, intérieurs richement détaillés (la villa du Don, mamma mia 😍)… C’est vraiment un régal pour les yeux. Les modèles des personnages principaux sont très soignés aussi, avec des visages expressifs et des animations faciales correctes. La direction artistique et le souci du détail historique méritent un grand bravo – on sent que c’est là-dessus que les développeurs ont mis le paquet. The Old Country est une belle vitrine visuelle, sans aucun doute. Mais côté technique pur, quelques ombres viennent noircir ce joli tableau (sans mauvais jeu de mots)…




D’abord, j’ai rencontré un problème assez gênant avec la nouvelle fonctionnalité de Frame Generation. En activant cette option, j’ai eu la désagréable surprise de voir apparaître d’étranges artefacts visuels en bas de l’écran. Une sorte de scintillement ou de bande déformée qui clignote dès qu’il y a du mouvement, principalement sur le tiers inférieur de l’image. Très agaçant et totalement rédhibitoire en combat ou pendant les cinématiques. J’ai rapidement compris que la Frame Gen était buguée et je l’ai désactivée aussi sec. J’espère qu’un patch viendra corriger ça, car en l’état c’est inutilisable (et c’est dommage car ça aurait pu compenser un peu les chutes de framerate).Autre souci technique rencontré : des bugs de lumière dans les zones sombres. Par moments, surtout lors des missions nocturnes ou dans des intérieurs peu éclairés, l’éclairage faisait n’importe quoi chez moi. Je voyais des ombres clignoter, ou carrément des pans entiers de décor devenir noirs de façon incohérente, comme si un projecteur invisible s’éteignait soudain. J’ai trifouillé les options – changé la qualité des ombres, bidouillé le DLSS dans tous les sens – rien n’y faisait, ces zones d’ombre buguaient toujours aux mêmes endroits. Ce problème n’est pas constant (la plupart du temps l’éclairage est normal), mais quand il survient ça ruine l’immersion: difficile de rester plongé dans l’ambiance quand les lumières font du yo-yo autour de vous. J’espère également que cela sera corrigé, car ce genre de bug dans un jeu qui mise autant sur l’atmosphère, c’est vraiment dommage.
Mafia: The Old Country m’a fait voyager. Oui, malgré tous ses défauts, j’en ressors avec des étoiles dans les yeux en repensant à ces virées en Sicile du siècle dernier. L’ambiance est la grande gagnante de ce titre : visuellement et auditivement, c’est une réussite qui m’a transporté pendant une vingtaine d’heures. Je me souviendrai longtemps des balades dans San Celeste, ou de certaines scènes magistralement mises en scène qui m’ont vraiment donné l’impression de regarder un film de gangsters. Ce qui reste, c’est cette immersion, ces personnages attachants (Luca le mentor bienveillant, Isabella au destin contrarié, etc.) et ce sentiment d’avoir touché du doigt les origines de la Mafia avec un grand M.
Ce qui manque, hélas, c’est un brin de modernité et d’ambition gameplay. L’expérience, aussi plaisante soit-elle pour un fan comme moi, aurait gagné à dépoussiérer ses mécaniques d’infiltration, à offrir un monde un peu plus réactif, et à peaufiner son rythme narratif. Techniquement aussi, le tableau n’est pas parfait – on attend des correctifs fermement pour profiter de la Sicile sans tousser du FPS.
Mafia: The Old Country: En l’état, je recommanderais The Old Country avant tout aux amoureux de l’univers Mafia et des histoires cinématographiques. Si vous cherchez de l’action débridée en monde ouvert, passez votre chemin, ici on est sur un sentier balisé, mais quel joli sentier c’est. En fin de compte, Mafia: The Old Country n’est peut-être pas “une offre que l’on ne peut pas refuser”… mais pour peu qu’on aime l’ambiance Mafia, on serait fou de la refuser. 😉 – MonsieurHidan


