[Test] Heretic + Hexen – Quand notre coeur fait DOOM !
A réserver aux amateurs d’un genre d’une époque lointaine ou à des curieux, qui ont tous au final bon goût.
- Généreux en contenu
- Les contrôles gyro étonnamment sympas
- Fluide et lisible sur la télé
- Les modes de jeu, solo ou en ligne
- L'originalité pour l'époque
- Parfois répétitif
- Textes parfois rikikis en mode portable
- Pas de bots en deathmatch
- L'IA bloquée dans les années 90
Heretic + Hexen sur Switch ressemble à un vieux grimoire qu’on aurait restauré avec amour. On y retrouve tout ce qui faisait le sel de ces FPS médiévaux, les coups de sang comme les zones d’ombre, les puzzles retors comme les moments de pur défoulement. Nightdive et Bethesda offrent un voyage nostalgique qui ne se contente pas d’un simple dépoussiérage, et pour un tarif raisonnable assorti de deux campagnes inédites, d’un multijoueur crossplay et d’options modernes, il serait dommage de passer à côté… à moins d’avoir peur de se perdre à nouveau dans les corridors humides de Cronos.
Il y a des jeux qui sentent la poussière des disquettes et le plastique jauni des claviers mécaniques. Heretic (1994) et Hexen (1995) font partie de ceux-là. Développés par Raven Software sur un moteur DOOM bricolé maison, ces FPS médiéval-fantastiques avaient osé sortir des couloirs métalliques pour plonger le joueur dans un bain de magie noire, de donjons humides et de bestioles mythologiques.
À l’époque, Heretic avait surpris avec son inventaire, son système de vol et la possibilité de viser verticalement – un luxe pour un “Doom clone”. Hexen, lui, avait poussé le vice plus loin : trois classes jouables (Guerrier, Clerc, Mage), un système de hubs interconnectés et des énigmes qui faisaient passer les clefs colorées de DOOM pour des jouets Fisher-Price.
Aujourd’hui, Nightdive Studios et Bethesda nous ressortent tout ça sur Switch, dans un bundle baptisé sobrement Heretic + Hexen, avec un lifting technique, du contenu inédit et quelques rustines bienvenues
Heretic au bucher ?
Le contenu de cette compilation est copieux puisqu’elle inclut Heretic dans sa version “Shadow of the Serpent Riders” avec extension, Hexen dans son édition complète “Beyond Heretic” ainsi que Deathkings of the Dark Citadel, extension solo particulièrement relevée, et même deux épisodes inédits – Faith Renewed pour Heretic et Vestiges of Grandeur pour Hexen – conçus en collaboration avec id Software. Au total, le joueur a devant lui pas moins de cent dix-sept cartes de campagne et environ cent vingt arènes multijoueur, de quoi occuper de longues soirées.
Sur le plan technique, Nightdive a travaillé le matériau brut avec le soin qu’on leur connaît. La Switch offre un affichage en 1080p à 60 images par seconde en docké et 720p/60 en portable, tandis que d’autres machines montent en 4K/120. Les textures ont été nettoyées, les lumières adoucies et l’interface remise à neuf, la bande-son a bénéficié d’un remaster par Andrew Hulshult tout en laissant le choix de revenir aux musiques MIDI d’origine, et la version Switch ajoute même une visée gyroscopique efficace pour compenser la mollesse inhérente des sticks.

Les joueurs de Hexen apprécieront les marqueurs de quête qui évitent de tourner en rond, et le rééquilibrage apporte à Heretic une progression plus fluide et des ennemis moins coriaces qu’à l’époque, tandis que certaines énigmes de Hexen ont été légèrement clarifiées. L’ajout d’un support pour les mods via un navigateur intégré et la présence du Vault Raven, galerie de croquis et documents de développement, complètent le tableau.
Un pied dans le passé
En relançant Heretic, on retrouve immédiatement cette nervosité héritée de DOOM, mais agrémentée de sorts, de potions et de déplacements verticaux. L’ambiance dark fantasy fonctionne toujours aussi bien, renforcée ici par les retouches graphiques et les nouveaux niveaux de Faith Renewed qui s’intègrent parfaitement au style originel. On pourra regretter que l’intelligence artificielle reste figée dans les années 90 et que le level design conserve par endroits sa structure en “couloir à clé”, mais la variété du gameplay et la liberté offerte par l’inventaire font oublier ces scories.
Hexen, pour sa part, conserve son identité unique de FPS mâtiné de Metroidvania (avant l’heure). Les trois classes jouables modifient vraiment la manière d’aborder les combats et l’exploration, et le système de hubs reliés entre eux garde cette saveur si particulière qui pousse à mémoriser la géographie des lieux. Les marqueurs de quête allègent la frustration mais certaines énigmes conservent leur côté alambiqué, et le Mage, en début de partie, souffre d’un manque de punch. Les nouveaux niveaux de Vestiges of Grandeur, bien intégrés et exigeants, prolongent avec brio l’aventure.

Le multijoueur, enfin, est l’autre bonne surprise. Le crossplay fonctionne sans accroc et permet de se mesurer aux joueurs PC ou Xbox, les cartes deathmatch sont nombreuses et variées, et la coop sur canapé en écran partagé à quatre sur Switch redonne des airs de LAN party d’antan. Dommage toutefois que l’absence de bots vide un peu l’expérience en ligne lorsqu’aucun ami n’est disponible, et que l’interface multijoueur reste un peu austère.
Sur Switch, l’ensemble tourne de façon exemplaire. En mode portable, la densité des sprites rend bien sur le petit écran, même si certains textes peuvent paraître minuscules. Le HD Rumble est discret mais pertinent et la personnalisation des commandes, associée au gyro aiming, rend l’expérience agréable. On pourra simplement regretter l’absence de prise en charge des hautes fréquences, mais dans l’état, c’est un portage soigné et stable.
Au final, Heretic + Hexen sur Switch ressemble à un vieux grimoire qu’on aurait restauré avec amour. On y retrouve tout ce qui faisait le sel de ces FPS médiévaux, les coups de sang comme les zones d’ombre, les puzzles retors comme les moments de pur défoulement. Nightdive et Bethesda offrent un voyage nostalgique qui ne se contente pas d’un simple dépoussiérage, et pour un tarif raisonnable assorti de deux campagnes inédites, d’un multijoueur crossplay et d’options modernes, il serait dommage de passer à côté… à moins d’avoir peur de se perdre à nouveau dans les corridors humides de Cronos.

Test réalisé depuis une version commerciale fournie par l’éditeur. Ce test est le reflet de notre expérience et n’a pas été orienté par quiconque, si ce n’est au pire par un brin de nostalgie, mais eh, on est humains !
Laisser un commentaire