C’est le 31 octobre 2024 que sort Dragon Age : The Veilguard, anciennement nommé Dragon Age : Dreadwolf sous son nom de code dont le développement a commencé en 2015 puis relancé en 2018, développé par BioWare et édité par Electronic Arts, sorti sur Microsoft Windows, Xbox Series et PlayStation 5. C’est, mine de rien, déjà le quatrième jeu de la franchise Dragon Age. Après le cuisant échec de Mass Effect : Andromeda est-ce que BioWare a su retrouver ses lettres de noblesse avec Dragon Age : The Veilguard ? Ou était ce un énième coup d’épée dans l’eau ? Cessons ces commérages et laissez moi vous conter l’épopée de Dragon Age.
Point d’encrage de ce Dragon Age…
Le développement de Dragon Age 4, qui, plus tard est, devenu The Veilguard officiellement, a été redémarré sous le nom de code “Morrison”, cette fois avec un composant de service en direct et basé sur le codage d’Anthem (ndlr : The Past And Present Of Dragon Age 4). Il a été annoncé pour la première fois aux Game Awards en décembre 2018, et le matériel promotionnel publié par BioWare depuis lors a révélé la présence de lyrium rouge comme une partie importante de l’intrigue du jeu (ndlr : Dragon Age 4 Theory: Solas, Red Lyrium, And Blight Ambitions | Arcader News). Deux ans plus tard, une nouvelle bande-annonce est sortie lors de l’édition 2020 des Game Awards. Il présentait le personnage nain Varric Tethras comme narrateur, ainsi que la brève apparition du personnage principal Solas, désormais connu sous le nom de Loup Implacable (ndlr : The Game Awards: ‘The Last of Us Part II’ is game of the year, new ‘Mass Effect’ and ‘Among Us’ content teased – The Washington Post ; Here’s another brief look at the next Dragon Age | Eurogamer.net ; Dragon Age 4 teased yet again with a new trailer – The Verge).
En interne, l’équipe de développeurs vise initialement une date de sortie en septembre 2023, mais cet objectif est à plusieurs reprises repoussé, si bien que des analystes de l’industrie estiment une sortie fin 2024 ou en 2025 plus plausible. En mars 2023, l’équipe de Bioware travaillant sur le prochain opus de Mass Effect est en partie réquisitionnée pour venir soutenir le développement de Dread Wolf ; en août 2023, BioWare annonce licencier près de 50 personnes, qui seraient issues majoritairement du projet Mass Effect et dont le départ n’affecterait donc pas Dread Wolf (ndlr : Dragon Age Dreadwolf keeps getting delayed internally, report claims | VGC).
Le 6 juin 2024, BioWare dévoile le nouveau titre du jeu, Dragon Age: The Veilguard. Une présentation détaillée est présentée le 11 juin (ndlr : The Next Dragon Age Has a New Title – BioWare Blog).
Être accompagné, c’est bien. Le “fer” c’est mieux !
Dragon Age : The Veilguard était confronté à un choix difficile. Dix ans après l’Inquisition de 2014, il pouvait soit rester fidèle à la complexité des mécanismes de la série et risquer de se sentir dépassé, soit se moderniser suffisamment pour s’intégrer et risquer de ne pas se sentir comme Dragon Age. Cela rappelle étrangement le même syndrome qu’a eu Diablo IV au moment de sa sortie lorsque nous avons pu le ressentir dans les premières heures de jeu. Le point commun entre ces deux licences, chacun a opté pour cette dernière solution et y parvient largement, mais comme tout dans Dragon Age, cette décision n’est pas sans conséquence. Assez risqué de s’ouvrir au plus grand public en offrant un gameplay un peu plus “light” ?
Nous pouvons en voir la preuve immédiate dans les combats. Seulement deux compagnons au lieu de trois, possibilité de contrôler uniquement le personnage du joueur et une roue de compétences avec très peu de compétences de compagnon à choisir. Si l’on s’en tient à cette description, le jeu ressemble sans doute plus à un jeu estampillé “Mass Effect fantastique” qu’à une véritable expérience Dragon Age. C’est un peu le cas mais voulant s’ouvrir d’avantage à énormément de joueurs afin de conquérir un plus large public, ce n’est pas grave.
Lors des phases de combat, Dragon Age s’y prête étrangement bien. Chaque personnage dispose désormais d’un attirail d’objets uniques qui s’améliorent (que ça soit dans votre équipement, armes ou même celui de vos compagnons), chaque personnage dispose d’une plus grande spécialisation avec des faiblesses élémentaires désormais plus importantes et on s’y habitue rapidement à leurs rôles sur le terrain. Comprenez que chacun de vos compagnons disposent de cinq compétences dans leurs arbres de compétences appropriés mais seulement de trois emplacements lors des phases de combats (et de points de compétence pour les maximiser en parallèle) et avec une multitude de runes à vous en équiper et de bonus, des combos à couper le souffle et des attaques d’équipe.
T’as le Rook coco ! Coco t’as le Rook !
En incarnant votre personnage entièrement personnalisable du nom de “Rook”, qui est pris(e) jusqu’au cou dans le combat contre les dieux tout en essayant de déterminer si Solas est devenu chauve ou non, vous pouvez créer le personnage Dragon Age de vos rêves. Avec une panoplie complète d’options couvrant toutes les choses habituelles comme des gros muscles, des pantalons moulants et une mystérieuse cicatrice sur un œil. En fait, vous êtes libre de choisir votre apparence, votre sexe, votre classe, vos pronoms, votre histoire et de vous lancer dans l’une des plus belles aventures de 2024.
Dragon Age est, comme vous le savez peut-être tout comme à l’instar de Mass Effect, célèbre pour ses choix de dialogue. Des choix qui affectent l’histoire et vos relations de manière importante. C’est le cas ici et il y a un tas de décisions clés à prendre qui affectent les résultats, les membres de l’équipe disponibles, les moments d’amour et d’eau fraîche et la façon dont les choses évoluent. Certaines de ces décisions sont vraiment impressionnantes si elles fonctionnent comme elles semblent le faire et vous pouvez vous attendre à vouloir retourner dans The Veilguard dès que vous en aurez le temps, juste pour voir comment les choses se passent avec des décisions différentes.
L’avantage dans cet opus, c’est le changement de classe (tant que vous restez dans votre classe d’origine), ce dernier est à la fois gratuit et facile. Même si certains regretteront les détails techniques, cette approche simplifiée encourage la créativité du joueur et met fin à la corvée de passer du matériel à des compagnons de moins en moins populaires.
Des milles et e-mages…
Le choix d’un mage ou d’un guerrier vous mènera sur une toute autre voie mais nous savons que le guerrier est très différent, avec la nécessité de passer d’une arme à l’autre et d’effectuer des coups de bouclier pour donner au combat un rythme et une saveur différents. Le reste de vos compagnons font un travail fantastique (selon la difficulté choisie) en faisant exactement ce qu’il faut au combat lorsqu’ils sont laissés à eux-mêmes, mais vous pouvez aussi choisir de contrôler leur prochaine attaque vous-même. Cela se fait par le biais d’un menu rapide pour maintenir l’action ou en interrompant le jeu en plein milieu pour prendre votre temps afin de choisir la meilleure attaque pour chaque menace présentée et jusqu’à même réaliser des combos de grande envergure qui sont utilement indiqués dans l’interface utilisateur pour que vous sachiez toujours quand un combo est disponible symbolisé par un petit rond orange dotée d’une flèche de la même couleur dans ce dernier.
C’est presque sans efforts à certains moments dans des combats des plus ou moins importants et des boss (certains des mouvements que vous avez à votre disposition sur des jauges chronométrées) vous permettent même d’esquiver les attaques entrantes avec style. Le voleur, par exemple, peut virevolter dans les airs (avec ses lames nécrotiques que l’on pourrait presque appeler cette attaque “Toxic Nova”) pour effectuer une attaque spéciale particulière et vous pouvez même chronométrer cela pour esquiver un énorme tir ennemi en virevoltant au ralenti dans les airs tout en répliquant avec une explosion d’énergie. Ce qui est extrêmement plaisant, c’est que l’on ne s’ennuie jamais et on sent que tout a été conçu pour vous permettre de faire ce genre de choses et de vous amuser sans cesse à être un dur à cuire sur le champ de bataille. Avec une difficulté qui s’échelonne sur cinq niveaux, du mode histoire à héroïsme, vous devrez probablement expérimenter, si vous souhaitez obtenir tous les succès ou trophées (selon la plate-forme) proposés.
Quand les “rats” passent, les lames se trépassent !
En ce qui concerne la variété des ennemis, il y a un bon mélange d’énormes monstruosités. Des béhémoths en armure jusqu’aux monstres explosifs se mêlant à des tonnes d’ennemis plus petits (utiles pour charger tous ses coups spéciaux) et la gamme d’affrontements de boss tout aussi spécifique, encadrée comme elle l’est par des fameuses “cutscenes” étonnantes présentées dans le choix astucieux du graphisme du jeu. Tout est superbe, dans un style stylisé proche de celui de Dishonored et le fait de passer sans transition d’une scène à l’autre sans changement de fidélité visuelle donne l’impression que tout est plus immédiat et interconnecté. De toutes les façons que ça soit en mode performance du jeu ou en mode qualité, c’est beau ! S’ils ont laissé tomber certains éléments graphiques de pointe pour y parvenir, laissez nous vous dire que cela en vaut vraiment la peine car ces transitions transparentes sont immédiates et extrêmement impressionnantes.
Voyez ceci comme une structure qui permet d’utiliser des personnages plus petits et de leur donner plus de choses à faire de manière plus significative, de sorte que vous ne remarquez jamais qu’ils sont moins nombreux que dans Dragon Age. De plus, chacun d’entre eux (comme un dragon associé à un personnage clé de l’histoire) fusionne avec la quête principale à différents moments, de sorte que personne n’a l’impression d’être à la traîne.
Cette conception des quêtes est soutenue par une utilisation intelligente des compagnons. Tout au long du jeu, les sept compagnons ont un arc personnel à accomplir, comme c’est le cas dans les RPG basés sur l’escouade. Mais cet arc prend trois formes : Les quêtes, les conversations et les sorties. La première est une quête standard comme les autres, mais les conversations sont des scènes plus longues et plus interactives et les sorties sont essentiellement des simulateurs de marche.
Tout comme Eric et Ramzy, une histoire avec un “H” ?
Certaines de ces quêtes sont le point fort de The Veilguard, en particulier celles de Taash et d’Emmrich qui approfondissent l’univers de Dragon Age. En parallèle celle de Neve, est un cas particulier, où elle se termine de manière “anti-climatique” et la dépendance à une structure similaire (combat final qui inclut une décision importante pour le personnage) les fait tomber dans la routine. On sent parfois que l’écriture est forcée par les conventions du jeu, plutôt que d’avoir la liberté de s’épanouir et que tout le reste soit construit autour d’elle. Comptez, environ, 60 heures en faisant uniquement les quêtes principaux et 90 heures, en faisant les quêtes secondaires et de factions.
Sous un autre prisme, certaines de ces quêtes en question ne sont pas du niveau de Baldur’s Gate 3. Soyons réalistes, d’une certaine manière, la comparaison est sévère avec Baldur’s Gate 3 qui est actuellement en tête du classement des jeux de la décennie et Dragon Age n’a pas à se plier à cette exigence. Ici, dans le monde réel, ce sont tous deux des RPG fantaisistes construits sur la dynamique des personnages dans un monde post-BG3 où les fissures dans les choix des arcs finaux de The Veilguard commencent à se manifester en toute fin de partie. On a l’impression que The Veilguard évite l’option la plus courageuse au profit d’une voie plus sûre et plus générique. Malgré tout sur l’ensemble du jeu, The Veilguard est audacieux dans l’impact de certaines décisions de fin de jeu que vous pouvez prendre.
D’une manière globale sur les points négatifs, il y a quelques petits soucis. Bien que les menus du jeu fassent un travail impressionnant en rendant toutes les compétences, l’histoire, les objets à collectionner, les objets, les statistiques et tout le reste sont très gérables et clairs à lire, ils commencent à devenir un peu difficiles à gérer en ce qui concerne les déplacements rapides. Ce n’est pas un gros problème mais, au fil des heures, on se retrouve un peu perdus en essayant de trouver l’endroit qu’on nous indiquait de temps en temps, dans le dernier tiers de l’expérience du jeu. Cela peut arriver lorsque vous devez constamment vous téléporter à travers des miroirs et que vous quittez une zone par erreur. Cela vaut la peine d’avoir autant de variété dans les endroits que vous visitez, mais cela peut être un peu frustrant par moments.
Conclusion :
Dragon Age : The Veilguard n’est pas un jeu Dragon Age comme les autres, ce qui en rebutera plus d’un. On vous le conçoit. Mais il apporte avec lui les traditions d’une excellente écriture des personnages malgré tout, d’une forte construction du monde à travers des quêtes narratives et offre les combats les plus excitants que la série ait jamais connus même si la caméra se concentrera trop sur votre personnage. Il y a une version plus forte de The Veilguard, avec plus de Solas et des quêtes de compagnons qui trouvent une fin plus naturelle mais, principalement, celle que nous avons est toujours un digne successeur de Dragon Age : Inquisition et c’est un retour à la forme bien nécessaire pour BioWare.
Points positifs
- Le nouveau système de combat
- L’exploration, le butin et la conception des niveaux sont très bien conçus
- Chaque nouvelle zone apporte un lot de nouvelles surprises
- Conçu pour les nouveaux joueuses & joueurs
- Une excellente campagne narrative et des choix de dialogues cruciaux
- Casting de la VF
- Les graphismes et le son sont impeccables
Points négatifs
- Le mode qualité qui manque un chouille de fluidité pour le compromis avec le mode “FPS”
- Confusion avec les marqueurs de quête sur votre carte
- Un récit principal peu profond
- Caméra extrêmement irritante lors des phases de combat. Beaucoup trop proche de votre personnage
Merci à Electronic Arts France, BioWare et l’agence Reset_PR pour la clé qui nous a permis de vous sortir ce test. Jeu testé sur Xbox Series X.
Merci pour ce joli test que j attendai grandement