Le portage d’un jeu mobile oubliable, à l’image du film
Plus
- Le coop local
- La DA dessinée fidèle au matériau d’origine
- Le système de F.U.N. (en théorie)
Moins
- C’est pas beau
- Aucune sensation d’impact
- Hitboxes foireuses
- Pas amusant
C’est l’histoire d’un film qui s’est inspiré d’un jeu à succès, duquel ils ont fait leur propre jeu. Voici un test beaucoup trop long pour ce que représente le produit final, mais dont le cheminement est assez intéressant. Bon courage !
On rembobine un peu
Les fans de Five Nights at Freddy’s ont vu leur jeu favori adapté au cinéma par Blumhouse, avec un succès commercial assez marqué, rapportant presque 300 millions de Dollars au box-office mondial, dont près de la moitié au box-office domestique, pour un budget initial de 20 millions. Cela malgré des avis assez mitigés, que ce soit au niveau des critiques presse ou des spectateurs, pour un film qui a préféré rester mignonnet et dans la limite de l’horreur d’un film PG-13, c’est à dire recommandé aux enfants accompagnés d’un adulte, avec également des inégalités dans la réalisation ou le rythme.
Et là vous vous dites : pourquoi il nous parle de FNAF ce gros débile ? Alors justement, y’a un twist : figurez-vous que quelques années avant l’adaptation officielle du jeu vidéo au cinéma, un ersatz est sorti en salles, reprenant peu ou prou les codes du célèbre jeu. Willy’s Wonderland est un projet dont l’attention a été portée notamment par la présence de Nicolas Cage à la production, mais aussi comme acteur dans le film. Notez que le réalisateur comme le scénariste ont réfuté toute ressemblance avec FNAF, pourtant ça en a l’apparence, sans en avoir le goût. Des personnages animatroniques meurtriers qui font leur petit massacre dans un espace confiné autrefois lieu d’amusement… Mouais.
Le film s’ouvre sur un personnage silencieux, interprété par Nicolas Cage et simplement appelé “Le Concierge”, parcourant les routes américaines. Bloqué dans la petite ville de Hayesville à cause d’une crevaison, il rencontre un garagiste local qui propose de réparer ses pneus. Cependant, le protagoniste n’a pas d’argent pour payer le service. Le garagiste l’introduit alors à Tex Macadoo, le propriétaire d’un parc d’attractions thématique appelé Willy’s Wonderland (ou Le Monde Merveilleux de Willy en français). Tex propose de prendre en charge les frais de réparation en échange du nettoyage par le Concierge de la salle de jeux abandonnée depuis longtemps, une offre que ce dernier accepte.
Nicolas Cage se met à nettoyer l’établissement minutieusement. Rapidement, des événements étranges surviennent : les lumières clignotent, la musique démarre d’elle-même et les animatroniques, mascottes de l’aire de jeux, s’animent et se montrent hostiles. Le Concierge reçoit alors le soutien de Liv, une ado qui habite dans le coin, et de ses amis pour dévoiler les sombres secrets enfouis dans ce lieu mystérieux.
Si notre bon vieux Nick Cage ne livre pas sa meilleure prestation, il faut dire que sa composition totalement muette dans le film est quand même pas déconnante et porte même littéralement le projet dans ses quelques scènes. Au final le film est un divertissement correct tout au plus, qui aura rapporté un peu moins de 450.000 Dollars au B.O. mondial pour un budget de 5 millions… Aïe. Pour sa défense, le film s’est pris le COVID dans la face pile au moment de sa sortie et n’a été distribué que dans une quantité de salles limitée courant 2021, ça n’a pas aidé, puis finalement il s’est vite retrouvé en VOD.
Pourtant les créateurs du projet y croyaient à fond, proposant même un triptyque de comic books racontant les évènements antérieurs au film, et également un jeu vidéo sur mobiles Android et iOS. Et ça tombe bien : c’est ce jeu qui a été adapté sur consoles en ce mois de juin 2024.
Anima trop niqué
Eh ben c’est pas dommage, on va enfin parler du jeu ! L’avantage, c’est qu’il n’y a pas grand chose à en dire. Il s’agit d’un beat’em up dans lequel vous pourrez contrôler soit le Concierge (qui ne ressemble pas du tout à Cage) ou Liv. On imagine que le chara design est davantage basé sur les comics, dont on retrouve certains marqueurs aussi dans le film, notamment dans les représentations dessinées des animatroniques par exemple.
Après avoir choisi votre personnage, dans un menu très (trop) sobre, vous entrez dans le jeu et là, on va commencer par le premier élément : les personnages. Pourquoi, bordel, POURQUOI faire un rendu 3D dégueulasse des personnages alors qu’il y avait à portée de main la possibilité de faire une jolie 2D ? Lors du choix du personnage, ils sont affichés dans leur version comics qui est assez sympa pourtant. Ce choix de DA est carrément discutable, mais ce n’est que le cadet de vos soucis.
Le gameplay est classique, avec quelques petits twists quand même permettant quelques fantaisies. On retrouve une touche de saut, une dédiée aux coups de poing, une pour les coups de pied, avec la possibilité de varier un peu pour faire des combos. Le bouton B permet de faire une attaque vive et puissante vers l’avant, balayant les ennemis. Pratique pour faire le ménage. Une pression sur RB permet de faire un tourbillon dans tous les sens, pratique quand vous êtes encerclé, LT permet de bloquer, et enfin, LB en combinaison avec une autre touche ouvre 3 mécaniques : augmenter votre puissance de 50%, remonter un peu de vie, ou la durée des combos. Attention car utiliser ces compétences pompe dans votre réserve de F.U.N (le seul fun du jeu d’ailleurs) qui remontera graduellement en frappant les ennemis ou en récoltant un item dans des caisses de bois à casser. Sur le papier, c’est assez sympa, avec même la possibilité de jouer en local à deux. Et pourtant…
Le choc mou
Pour commencer, l’IA est totalement aux fraises et enchaine juste les attaques dès qu’elle peut. Heureusement vous pourrez bloquer, mais parfois les soucis de hitbox, ou simplement le sprite d’un ennemi vous passe au travers, et fait du dégât. Pire : vos coups n’arrêtent pas les attaques des ennemis ; Souvent dans un beat’em up, il y a une frame d’animation quand l’ennemi se fait toucher par vos attaques, marquant un temps d’arrêt de l’adversaire avant qu’il ne puisse agir de nouveau. Dans notre cas, parfois les adversaires vous cognent alors qu’ils se prennent des coups de savate… Ca devient vite gênant avec de multiples ennemis à l’écran, surtout le personnage féminin qui contrôle un drone et qui est pire qu’un boss à elle seule, pouvant vous bousiller vos vies sans trop forcer. Par moments vous trouverez des caisses contenant de la vie pour tenter de survivre un peu plus longtemps. Alors oui, vous avez plein de possibilités offensives ou de récupération en théorie, mais comme tout est bancal et chaotique, servi par des mouvements trop rigides de vos déplacements, parfois certains passages sont juste une torture.
Détail important : il n’y a aucun ressenti au niveau des coups. Parfois votre attaque touche bien la cible, mais il n’y a aucun retour au niveau de la force de l’impact. C’est mou, que ce soit sur le côté visuel et sonore. Et pour un jeu du genre, c’est rédhibitoire. Les boss sont pas vraiment difficiles, même si certains sont plus chiants que d’autres. Ce qui reste compliqué dans Willy’s Wonderland c’est d’arriver au boss avec des vies restantes, comme vous en aurez 3 par niveau. Et souvent elles seront aspirées pas les tableaux précédents. Au moins, les boss ressemblent aux animatroniques dont ils sont tirés, c’est déjà ça.
Willy’s Wonderland est parfois très sombre, pas dans son récit hein, mais juste au niveau visuel, ce qui rend l’action parfois difficilement lisible. Le level design quant à lui est inexistant, c’est un tapis roulant avec un décor et des ennemis. Parfois le jeu se tape le luxe de foirer cet élément pourtant si simple, en mettant au premier plan des éléments qui bloquent carrément la vue. On vous laisse contempler cela en image, dans un moment immortalisé pour la postérité qui cumule les deux tares citées précédemment :
En termes de gameplay c’est simple : 7 niveaux, vous nettoyez un couloir ou deux, après c’est le boss, fin du niveau. La durée de vie est assez famélique, avec au mieux deux heures de votre temps à tuer, le ratio qualité/quantité/prix est pas terrible. Alors oui, initialement c’est un jeu mobile, mais on aurait apprécié davantage de travail sur les contrôles à la manette, des collisions plus pêchues et des hitboxes plus précises, qui auraient au moins mis le jeu au niveau du film : un nanar moyen.