[Test] Blades of Fire : un coup d’épée dans le AAA ou un coup d’éclat ?
Nous vous en avions parlé en avance le 20 avril dernier ici-même mais grâce à la confiance de 505 Games et de MercurySteam, nous avons pu mettre la main sur leur dernier jeu en titre : Blades of Fire.
Dans une industrie vidéoludique souvent dominée par les mêmes recettes AAA, Blades of Fire surgit comme une promesse de flamboyance et de chaos maîtrisé. Entre combats effrénés, direction artistique tranchante et volonté de s’affranchir des conventions, le titre intrigue autant qu’il interroge. Coup d’épée dans l’eau ou véritable souffle nouveau ? On a pu plonger au cœur de l’action pour le découvrir.
Fondé en 2002, le studio espagnol MercurySteam a un sacré CV. Si le studio est surtout connu pour la série Castlevania : Lords of Shadow, Metroid : Samus Returns et Metroid Dread, MercurySteam a également sorti de nombreux titres originaux au fil des ans. Cependant, Blades of Fire est le premier nouveau jeu du studio depuis près de dix ans.
Blades of Fire est un jeu d’action-aventure fantastique à la troisième personne qui s’inscrit dans la lignée des Souls. Mais si ses combats et son originalité sont des atouts majeurs, il y a trop de choses qui empêchent Blades of Fire d’être un grand jeu.

- Les combats sont très agréables et comportent des mécanismes inédits.
- Le système de forge récompense l'expérimentation
- Les visuels et la présentation sont solides
- La conception des niveaux est trop complexe
- La difficulté des boss semble artificielle
- L'histoire est décevante en raison de quelques problèmes d'écriture et de voix.
Aran, Adso et le marteau de répétition éternelle (et ça ne vaut pas un clou)
Dans Blades of Fire, le joueur incarne Aran de Lira, un vétéran marqué par les batailles, récemment investi d’un des sept marteaux ancestraux de forgeron. Armé de cette relique divine, il s’allie à Adso, jeune érudit, pour renverser la reine despotique qui fait régner la terreur sur le royaume.
Un scénario intrigant, mais inégal parce que malgré une contextualisation initiale minimale, le récit dévoile peu à peu des retournements de situation intéressants et des révélations qui captent l’attention. Si le fil narratif reste parfois bancal, certains instants émotionnels inattendus parviennent à entretenir l’engagement du joueur.
Une exécution narrative bancale mais avec une ambition scénaristique est amoindrie par une écriture maladroite et une direction vocale inconstante. Les protagonistes, notamment Aran et Adso, enchaînent des plaisanteries décalées au cœur de scènes dramatiques, ou passent outre des révélations essentielles avec une étonnante désinvolture.
Des échanges répétitifs et une immersion affaiblie dû aux dialogues ressassés entre les deux compagnons qui nuisent à la crédibilité de leurs interactions, donnant à leurs échanges une tonalité artificielle. Comme dans beaucoup de titres du genre Soulslike, le récit s’efface derrière les mécaniques de jeu, reléguant l’histoire à un rôle secondaire.


Je m’acier ou je métal, que fer ?
Avec Blades of Fire, MercurySteam livre une relecture audacieuse du Soulslike, où l’art du combat devient une chorégraphie savamment orchestrée. Le système de verrouillage basé sur des contours tricolores (ndlr : vert, orange, rouge) permet une lecture immédiate des résistances ennemies et force le joueur à adapter sa stratégie en temps réel. Résistances élémentaires, armures localisées et faiblesses ciblables instaurent une complexité qui rend chaque affrontement unique.
Au fil de la progression, les ennemis dévoilent des mécaniques toujours plus spécifiques, invitant les joueurs à jongler avec les types d’attaques, les postures d’armes et l’environnement. Animations fluides, contrôles réactifs et finitions au ralenti donnent aux affrontements un cachet cinématographique, renforcé par le système « Breath of the Defender« , qui impose une gestion stratégique de l’endurance via la garde.
Mais derrière le fracas des lames, Blades of Fire abrite une autre pépite : sa forge. Véritable cœur du gameplay, elle offre un niveau de personnalisation rarement atteint dans le genre. Les joueurs y conçoivent leurs armes de A à Z, en choisissant parchemins, matériaux et composants, tout en s’adonnant à un mini-jeu de chauffage subtil et immersif.
Loin d’être gadget, ce système influence directement les mécaniques d’arme – parade, portée, dégâts – et s’intègre dans une boucle de gameplay profondément gratifiante : analyse de la menace, création d’une arme adaptée, duel haletant. L’exploration est naturellement encouragée par la quête des meilleurs matériaux et des parchemins rares, participant ainsi à une progression dynamique et organique.
En somme, Blades of Fire ne se contente pas de marcher dans les pas de ses prédécesseurs : il façonne sa propre voie, à coups de marteau et d’acier incandescent.


Alain Deloin mais loin d’être Alain Proviste…
Un monde fragmenté mais foisonnant car Blades of Fire sculpte son univers à travers plusieurs régions distinctes, chacune abritant une myriade de lieux interconnectés aux visuels marquants. Le titre incite sans détour à l’exploration, en multipliant les chemins alternatifs qui récompensent les joueurs par des améliorations tangibles : des gemmes boostant santé et endurance, des « Criptexes » étendant la capacité des flacons de soin, ou encore des statues dispensant des matériaux rares pour le renforcement d’armes spécifiques.
L’exploration au cœur de l’expérience, qui bien au-delà des trésors cachés, le jeu pousse les joueurs à affronter tout adversaire croisé sur leur route. L’un des systèmes d’évolution les plus originaux permet le déverrouillage d’armes à condition d’avoir vaincu un quota précis d’ennemis d’un type donné. Ce choix de design rend chaque combat pertinent et transforme les zones de jeu en terrains d’expérimentation stratégique.
Un démarrage exemplaire… avant la dégringolade. En effet, la première zone illustre brillamment l’efficacité du level design : lisibilité du chemin principal, variété d’ennemis, et beauté des décors s’accordent parfaitement pour mettre en valeur les qualités du titre. Mais dès la troisième zone, la dynamique s’effrite.
Le jeu devient alors un labyrinthe vertigineux, où les chemins s’enchevêtrent entre les hauteurs sans cohérence apparente. Cette complexité, bien que visuellement séduisante, finit par pénaliser la fluidité de la progression. Le chemin critique se camoufle parfois derrière un élément qui semble secondaire, ou demande l’activation d’une mécanique encore inconnue au joueur, ce qui entrave la lisibilité.
Retour en arrière et frustrations ô combien immense… La frustration s’amplifie lorsque le jeu exige des allers-retours prolongés dans ces zones pour récupérer des objets clés et débloquer de nouveaux accès. Rapidement, l’effet de nouveauté s’émousse, et l’exploration perd de sa superbe. Ajoutons à cela une direction artistique volontairement sombre, qui accentue la désorientation et ralentit le rythme général du jeu.


Lame de fond ou fond de lame ?
S’inscrivant dans la lignée exigeante des Soulslike, Blades of Fire s’efforce de maintenir un équilibre délicat entre défi et frustration. Si les ennemis classiques incarnent une opposition stimulante et équitable, les affrontements contre les boss viennent rompre cet équilibre avec une brutalité discutable.
La diversité des adversaires est indéniablement l’un des points forts du titre. Chaque région du jeu offre une panoplie d’ennemis aux designs marquants et aux mouvements distincts, qui incitent à l’adaptation plutôt qu’à la répétition. Les combats, nerveux et lisibles, poussent le joueur à faire preuve d’adresse sans le punir de manière excessive.
Mais ce soin apporté aux rencontres ordinaires s’estompe lorsqu’il est question des boss. Peu nombreux, souvent recyclés, ces combats culminent en un festival d’attaques létales dès le premier contact. Contrairement aux conventions du genre, Blades of Fire ne permet pas au joueur de monter en niveau traditionnellement. Malgré l’acquisition de ressources pour améliorer son arsenal ou sa vigueur, le constat reste le même : la moindre erreur face à un boss peut signer une fin instantanée.
Cette absence de marge de manœuvre pèse lourd sur le rythme du jeu. Les affrontements deviennent des murs infranchissables, exigeant des heures de persévérance pour être franchis. L’ironie étant que ces bosses dit « miniatures », plus rapides mais tout aussi meurtriers que leurs homologues massifs, rendent l’anticipation quasi impossible.
Ainsi, cette difficulté artificielle contraste fortement avec le reste de l’expérience, où les ennemis ordinaires proposent un challenge calibré et gratifiant. Blades of Fire maîtrise son gameplay de base avec brio, mais laisse ses boss dessiner une courbe de frustration qui ternit une aventure pourtant prometteuse.


Conclusion :
À bien des égards, Blades of Fire est un pionnier. Sa boucle principale de combats palpitants, d’exploration gratifiante, de création et de personnalisation d’armes satisfaisantes reste captivante tout au long de sa durée de vie, et il y a de nombreux mécanismes qui poussent le genre Souls vers l’avant. Mais l’élan de Blades of Fire est régulièrement interrompu de manière abrupte. Des pics de difficulté artificiels et un design de niveau inutilement obtus peuvent conduire à beaucoup de frustration inutile, et cette frustration peut rapidement éclipser les plus grands points forts du jeu. Blades of Fire avait tous les bons matériaux devant lui, mais il a forgé une lame inégale qui ne cesse de blesser accidentellement son utilisateur.
Blades of Fire est disponible depuis le 22 mai sur PC, PS5 et Xbox Series X/S. Nous en profitons pour remercier infiniment encore une fois 505 Games et MercurySteam pour le code reçu.
BONUS
Découvrez l’univers de Blades of Fire sublimé par l’illustration envoûtante de Krystine_Art, dont le talent donne vie aux ténèbres et à la lumière dans cette épopée fantastique. Une collaboration flamboyante à ne surtout pas manquer !

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