Si la conclusion de Jurassic World était loin d’être brillante, l’idée d’un nouvel épisode de la saga déjà bien essoufflée a dû faire lever des sourcils de doute à son annonce. Nouveaux personnages, nouveaux dinosaures, la renaissance annoncée stoppe net l’envie d’en voir une suite. Attention, spoilers !
Du rififi à Saint-Hubert
Séquence rires dès le début du film, qui nous place quelque années dans le passé, lorsqu’un accident dans un laboratoire secret survient à cause d’un emballage de chocolat, avec en bonus le placement produit qui va avec. Ça vaut le coup de dépenser sans compter pour que la sécurité soit mise à mal par un vieux bout de plastique.

Ah oui, accessoirement, dans ce labo, on y manipule l’ADN pour créer des dinosaures génétiquement modifiés, dont le concept était déjà lancé dans Jurassic World. Bref, stupeur, tremblements et panique : les bestioles sont lâchées dans la nature, sur l’île de Saint-Hubert.
Nous voilà revenus quelques années plus tard, les gens sont blasés des dinosaures, comme l’indique le gros carton écrit qu’on vous colle en blanc sur fond noir, avant de vous le faire comprendre par un gros plan de peinture publicitaire de dinosaure qui se fait repeindre en blanc histoire que tout le monde ait pigé l’idée. Les bêtes se meurent, écrasées par un environnement qui ne leur correspond pas, sauf sur la ligne équatoriale de notre planète sur laquelle il est interdit de se promener. Evidemment, c’est là qu’il va falloir aller pour que le film avance, incroyable non ?
Same player shoot again
Ainsi commence le scénario digne d’un jeu vidéo chiant, dans lequel la mercenaire Zora Bennett (Scarlett Johannsson) doit choper 3 échantillons de 3 dinosaures pour que la science puisse avancer, et au passage faire les choux gras d’une compagnie pharmaceutique.
Pour l’aider dans sa quête, elle sera accompagnée du Dr Loomis (interprété par Jonathan Bailey) qui nous refait le coup classique du guide scientifique au bon coeur. Et enfin, Duncan Kincaid (Mahershala Ali) qui s’occupe de la navigation, avec toute une équipe prête à filer un coup de main à Zora pour gagner du pognon en faisant des prises de sang aux dinosaures.

Difficile de s’attacher à ces personnages, à peine présentés qu’ils sont déjà oubliés, sauf à la rigueur une tentative balourde de donner un peu de background à Zora et Duncan lors d’une discussion vite fait bien fait sur le bateau en route pour l’île de Saint-Hubert. Mais ce n’est pas tout, car toute la fine équipe de mercenaires va recueillir une petite famille dont le bateau s’est échoué, suite à une attaque de dinosaure sous-marin.
Ce qui partait comme un scénario plutôt typé action se voit retrogradé à une histoire de préservation de la famille et qui non seulement est carrément inutile dans le déroulement de l’aventure. Personnages plats, aux échanges qui vont du niais à l’insupportable, ils ne servent qu’à ralentir le récit sans apporter d’enjeu ou d’intérêt quel qu’il soit. Tiens par exemple, la gamine adopte un petit dinosaure en CGI dégueulasse, lui aussi inutile. Pire, il est à un moment une source de danger… Super !
Jurassic naze
Les enjeux justement, encore une fois ils sont absolument absents, on sait d’entrée de jeu qui va crever ou non. Le film manque de tension, de sentiment ou globalement d’intérêt. On avance pas à pas comme devant des missions d’un jeu vidéo un peu chiant, sans avoir à un moment de l’empathie pour les personnages.

Chaque capsule de sang récupérée fait penser à une croix cochée dans un cahier des charges lourdingue, avec en vrac la découverte des dinosaures et leur côté dangereux, un plan sur une plaine remplie de dinos avec la musique de John Williams qui n’arrive pas à sauver la platitude de la scène, ou encore des références çà et là avec des gros clins d’oeil bien appuyés aux anciens films mais qui n’apportent rien si ce n’est une volonté de faire raccord avec les précédents opus. Pire, on a même droit à une resucée d’un personnage qui veut attirer un gros dino avec une fusée éclairante comme dans le premier film, pfff…
Bref le film avance et la sauce ne prend pas, faute à une réalisation étonnamment pas dingue, surtout de la part de Gareth Edwards qui avait pourtant l’expérience pour faire du gros spectacle avec Godzilla ou Rogue One. Mais rien ne fait décoller le film, que ce soit sur le visuel ou la musique, on reste au ras du sol et c’est vraiment une déception à bien trop de niveaux. Allez, au crédit de la réalisation, on pourra mettre la scène en bateau qui est quand même plutôt pas mal foutue et met un peu de sel dans cette soupe fadasse.
Le final convenu achève de conclure qu’il s’agit là d’un véritable acte manqué, qui veut rester dans l’ombre de ses prédécesseurs sans véritable ambition, alors qu’il avait les moyens de briller avec son scénariste David Koepp (Mission: Impossible 1 ou Spider-Man 1 entre bien d’autres), son réalisateur ou toute une batterie d’acteurs intéressants sur le papier.
Renaissance ? Non, clairement cet épisode ne fait rien renaître, que ce soit dans sa diégèse comme dans nos sentiments, c’est plat, c’est convenu, il n’en sort aucune émotion si ce n’est l’impression d’avoir perdu du temps. On achève bien les chevaux, il est temps de laisser la licence Jurassic enfin partir pour garder en tête les bons épisodes, et oublier ce genre d’essai raté.