[Chronique] Dystop[IA] de Tony Renard

Comment pourrions-nous vivre dans 80 années dans une société gouvernée par l’IA ? C’est ce que je vous propose de découvrir dans Dystop[IA] de Tony Renard.

Présentation de l’ouvrage

Depuis de nombreuses années, nous avons vu l’Intelligence Artificielle prendre une place de plus en plus importante. De nos smartphones aux réseaux sociaux en passant par de nombreux outils du quotidien tant à titre personnel que dans certains métiers. Mais ne finirons-nous pas un jour par devenir dépendants de cette dernière ? Les limites fixées ne finiront-elles pas par être franchies ? Nombreuses sont les interrogations auxquelles Tony Renard tente de nous confronter dans Dystop[IA], un roman qui à mon sens dépasse le cap de la simple fiction…

2105. Pour se prémunir de la radioactivité extérieure, les habitants de l’Auto-Ville 12 sont confinés depuis 50 ans dans un dôme entièrement automatisé et gouverné par Anna, une Intelligence Artificielle omniprésente.
Divisée physiquement et socialement en deux niveaux, l’Auto-Ville assure la sécurité et la prospérité des citoyens, mais l’arrivée au niveau inférieur d’une mystérieuse capsule médicale pourrait bien bousculer cet équilibre fragile…

Synopsis

Dystop[IA] est disponible en librairies et via les différents sites marchands, dont Amazon au prix de 18,99 €. Une version numérique est également proposée au prix de 4,99 €.

Chronique réalisée à partir d’une version presse fournie par l’auteur que je remercie.

Mon avis

Avant d’entrer dans le vif du sujet, le roman se déroule sur six jours consécutifs et utilise quatre personnages
principaux qui apparaissent chacun quatre fois par jour (matin, midi, après-midi, soir) et toujours dans le même ordre :

• Dax, un garçon de 10 ans né au niveau inférieur. Il n’a aucun souvenir de ses parents, disparus lors d’une purge lorsqu’il avait deux ans.
• Tris, un jeune policier de 33 ans qui transite entre les deux niveaux pour travailler. Il cherche à atteindre les points suffisants pour obtenir sa citoyenneté, déménager parmi les citoyens et mettre sa famille à l’abri.
• Imperia, une jeune femme de 35 ans devenue présidente de l’Assemblée. Elle cherche à obtenir vérité et justice pour son père. Dans le premier chapitre, elle supervise le vote octroyant la construction d’une première capsule médicale au niveau inférieur.
• Julien, un riche ingénieur de 110 ans excédé par sa longue vie et nostalgique du monde d’avant. Il doit travailler à vie pour l’entreprise unique et déploie la capsule de santé lors du premier chapitre.

Le roman débute lors du 50e anniversaire de l’effondrement. Lors de ce dernier, les survivants ont trouvé refuge dans des abris sous dôme gérés par Vision « VA »Artificielle, l’ultime entreprise internationale encore en activité. Comme chaque année, les habitants de l’Auto-Ville 12 attendent l’annonce officielle qui espérons-le, permettra au peuple de regagner la surface. Malheureusement, l’air y est toujours radioactif, les obligeant à rester captifs de cette prison. Mais pour certains, les conditions de vie deviennent de plus en plus difficiles… L’heure de la rébellion, aurait-elle sonné ?

Une œuvre percutante

Dès les premières pages, l’auteur nous immerge dans un monde fracturé. Ce dernier, totalement géré par l’IA, est divisé entre les élites qui profitent des joies du monde d’antan voire bien plus. Tandis que les oubliés sont confinés aux étages inférieurs contraint de produire de la nourriture pour les riches tandis que le monde d’en bas meurt de faim.

C’est donc à travers le regard de différents protagonistes que nous découvrons ce monde infâme où la frontière entre fiction et réalité s’est rompue (ce qui attend le nôtre au vu de l’émergence de l’IA). Dax, l’innocence incarnée tente de survivre dans ce bas monde et rêve de découvrir une lumière naturelle qu’il ne découvrira peut-être jamais. Tris tente de le quitter avec son épouse afin d’offrir une vie meilleure à cette dernière ainsi qu’à l’enfant qu’ils espèrent avoir un jour. Tandis qu’Imperia brave les règles de l’oligarchie pour venir en aide au monde d’en bas découvrant que les images de VA ne sont pas la réalité de leurs conditions de vie ! Et que dire de Julien? Ce centenaire usé par sa vie passée à s’enrichir sur le dos des faibles, et qui regretterait presque sa création ?

Tout s’est mis à basculer lorsque les IA sont apparues. Cette technologie s’annonçait prometteuse. Même si elle détruisait peu à peu les emplois, en commençant par les artistes, cette technologie amusait le monde entier. Après tout, qui voudrait payer un dessinateur des milliers d’euros pour quelques croquis quand plusieurs dizaines d’euros suffisaient à produire des centaines de maquettes qualitatives ? Les premiers impactés avaient beau se rebeller, l’économie réalisée s’avérait trop importante pour respecter les principes éthiques.

Extrait de Dystop[IA]

Dystop[IA] est un ouvrage qui nous fait voyager à travers les différents niveaux de ce monde auquel nous n’avons pas envie d’appartenir. Le découvrant au rythme (bien pensé) des différents protagonistes, nous sommes cependant confrontés à l’écho de notre propre époque avec cette IA qui n’est pas forcément agressive, mais qui conditionne les habitants dont indirectement nous faisons partie tant la plume de Tony Renard est immersive. Le tout étant sublimé par les illustrations d’Elise Carret.

On pensera forcément à des œuvres majeures comme 1984, mais aussi à Silo, Dôme de Stephen King ainsi qu’à Fallout où les abris étaient aussi réservés à une élite qui avait pressenti l’effondrement de l’humanité. Resterez-vous simple spectateur face à la couverture de cet ouvrage marquant ? Où prendrez-vous part à l’évolution de ce monde dépassé malgré lui ?