[Chronique] Deep Sea Aquarium Magmell : au coeur des abysses.
Publié chez Vega-Dupuis depuis le 4 octobre 2018, le manga de Sugishita Kiyomi est une petite pépite déjà bien connue des lecteurs et lectrices. Pour la sortie du 9ème volume en ce mois de mai 2024, je vous propose de plonger dans les différents aspects de ce manga et pourquoi vous devriez absolument le lire !
Résumé : il était une fois un petit balayeur au fond de l’eau
Le Japon a ouvert un aquarium exceptionnel situé à 200m de profondeur dans la baie de Tokyo : le Magmell. Entièrement dédié à la vie marine abyssale, il fait le bonheur des visiteurs et scientifiques venant observer et étudier ce monde habituellement inaccessible. Kotaro Tenjo y travaille en tant que balayeur à mi-temps. Jeune homme passionné depuis sa plus tendre enfance par la vie marine, il informe régulièrement les visiteurs sur les espèces présentent au Magmell. Sa rencontre avec l’extravagant directeur de l’aquarium, Minato Osezaki, lui ouvrira le chemin pour devenir assistant soigneur de l’aquarium. Cette opportunité lui donnera l’accès aux portes des abysses mais aussi aux cœurs des visiteurs de l’aquarium.
Comme vous avez dû le comprendre, ce manga traite à la fois des espèces des abysses mais aussi des humains qui les côtoient. Que ce soit les soigneurs, vétérinaires, pêcheurs, cuisiniers et évidemment visiteurs ; tous développeront et/ou montreront une relation singulière à ces espèces aussi belles qu’intrigantes.
Un dessin à la fois stylisé et réaliste
Porté par un dessin doux et détaillé, on découvre donc les abysses en partageant l’émerveillement des protagonistes de l’histoire. L’autrice alternera régulièrement entre des pages aux noirs profonds, plongeant les personnages dans les abysses, et des pages lumineuses faisant respirer ses personnages, leur laissant l’espace pour se développer devant nous. On notera aussi l’attention particulière portée aux créatures des abysses, soulignée par un trait presque naturaliste. On a vraiment l’impression que les espèces présentées sont sur un autre plan de réalité tant ils sont crédibles et détaillés. Un point final sur le dessin pour les couvertures, surchargées de poissons et plongeant chaque personnage au milieu d’abysses aux couleurs aquarelles du plus bel effet. Je me permets de vous renvoyer vers l’Instagram de l’autrice pour découvrir son travail en meilleure qualité.
Les abysses, miroir des cœurs des Hommes
Mais ce dessin enchanteur n’est pas la seule force de l’œuvre. L’autrice s’est efforcée de mettre en parallèle les personnages et les animaux marins, qui deviennent à la fois reflets et inspirations pour les protagonistes tout au long du récit. Ces étranges êtres vivants ont pu s’adapter à une vie sous-marine aux conditions extrêmes, résultants en des stratégies de survies complexes, singulières et parfois mêmes amusantes.
Ces stratégies font office de ressorts scénaristiques pour nous émerveiller, pour créer des rebondissements mais aussi pour proposer une seconde lecture à travers les humains venant les voir. Le premier volume propose par exemple une histoire autour d’une espèce d’éponge appelée Corbeille de Venus (ou « éponge à crevette »). Ce nom est utilisé couramment pour la désigner, mais en japonais son nom est aussi traduit/interprété en « Dans la même tombe » (偕老同穴), une expression nippone désignant un couple vivant en harmonie jusqu’à la fin de sa vie. Car oui, cette interprétation renvoie à la relation de symbiose qu’entretien cette éponge avec des couples de crevettes abyssales s’installant encore jeunes dedans, par couple. Ces dernières y grandissent et s’y retrouvent coincées, finissant leur jour ensemble, d’où l’expression japonaise désignant cette éponge des profondeurs marines. Des exemples poétiques du genre sont régulièrement utilisés, donnant souvent matière à réfléchir tout en s’émerveillant de l’inventivité du vivant.
Fan des abysses, curieux de la vie marine ou à la recherche d’une histoire légère mais qui saura vous toucher, n’hésitez pas et plongez au plus profond des mers avec l’aquarium Magmell !
