gamescom 2025 Project Motor Racing

[Test] Project Motor Racing : tient-il la pôle position ?

Temps de lecture estimé :7 Minutes, 41 Secondes

Edité par GIANT SOFTWARE et développé par Straight4, Project Motor Racing s’inscrit dans un marché où la simulation automobile cherche constamment à repousser les limites du réalisme et de l’immersion. Avec une promesse de précision technique et de sensations authentiques, le titre ambitionne de se positionner face aux références établies du genre. Ce test examine en détail ses mécaniques de conduite, la fidélité de son rendu graphique, ainsi que la profondeur de son contenu, afin de déterminer si le compromis entre réalisme technique et sensations arcade, est-il respecté ? Ce titre cherche à séduire autant les passionnés de pilotage que les amateurs de vitesse pure. Mais tient-il vraiment la route face aux géants du genre ? Voici notre verdict et on y risque d’y faire des sorties de pistes…


Les +
  • Un son de véhicule exquis et une musique épique
  • Une collection assez importante de voitures de course, remplie d’iconiques uniques
  • Prise en charge des mods
Les −
  • Une optimisation tragique (surtout comparée à la qualité discutable des graphismes)
  • Une IA aux fraises
  • Des systèmes primitifs de pénalités et de dommages aux voitures
  • Un mode carrière superficiel
  • De nombreuses lacunes de l’interface et des caméras
  • Un certain nombre de fonctionnalités importantes du Simracing manquent (par exemple, la prise en charge du support multi-écrans)

Project Motor Racing : work in progress ou work in regress ?

Pour commencer ces lignes, au sein de la rédaction et pour être tout à fait honnêtes avec vous, nous n’aurions jamais pensé que le moteur d’un jeu de tracteur (ndlr : en faisant référence à Farming Simulator) se retrouverait sur un simulateur de course automobile. Nous le devons au studio Straight4 et à son projet quasi-débutant, intitulé Project Motor Racing. On précise le terme « quasi » parce que derrière cette nouvelle enseigne se cache en réalité une équipe de vétérans dirigée par un certain Ian Bell, qui évoluent dans le domaine du simracing depuis plus de deux décennies et ont largement contribué à la création de grands noms du genre tels que GTR et Project CARS.

Jusqu’à récemment, nous connaissions ces gens sous le nom de Slightly Mad Studios, mais ils ont eu la malchance de tomber sous la coupe de Codemasters, qui a lui-même eu la malchance de tomber sous la coupe d’Electronic Arts. En conséquence, M. Bell, qui a des raisons de nourrir une haine sincère envers EA, a pris son indépendance et a fondé une nouvelle équipe, qui a rapidement accueilli les parachutistes de la société SMS liquidée (ndlr : à l’automne 2022).

Sans cet afflux de vétérans, il n’y aurait probablement pas été en mesure de sortir un nouveau projet aussi rapidement voir peut-être trop rapidement… Et ce projet n’aurait peut-être pas été attendu avec autant d’impatience par la communauté des simracers si les « électroniciens » n’avaient pas renvoyé la série Project CARS dans les limbes du jeu vidéo, à l’instar de ses créateurs. Grâce à sa disparition du marché, il est plus facile de dissimuler à quel point les deux titres sont proches l’un de l’autre, et en même temps à quel point Project Motor Racing est un grand pas en arrière par rapport à lui à bien des égards…

Illustration visuelle pour Project Motor Racing

Project Motor Racing : un tracteur sur circuit ?

Bon, mise à part cette mise au point (de rupteur ?), qu’en était-il de ce moteur de tracteur version simracing ? Au départ, le jeu Project Motor Racing, initialement baptisé « GTR Revival » ou « GTRevival », était développé à l’aide du moteur Unreal Engine 5. Ian Bell partageait volontiers des captures d’écran très alléchantes à cette époque (ndlr : vous en trouverez certaines dans notre preview au moment de la Gamescom 2025). Cependant, l’année dernière, Straight4 a surpris le monde entier en annonçant son passage de l’UE5 au Giants Engine, une technologie qui n’avait jusqu’alors été utilisée que dans la série Farming Simulator. Et c’est là qu’elle aurait dû rester. Grâce à ce changement, le jeu est devenu nettement moins beau, mais il a en revanche acquis des exigences matérielles cosmiques.

Nous n’avons pas pour habitude de mettre ce sujet au premier plan dans nos critiques de jeux, mais dans le cas de PMR, c’est un élément absolument crucial qui éclipse tout le reste. Jusqu’à présent, le titre peu glorieux du jeu de course automobile contemporain et qui était le moins optimisé selon notre rédacteur DiagnosedWhity, était détenu par Test Drive Unlimited: Solar Crown, mais avec le travail de Straight4, il peut être considéré comme un chef-d’œuvre. Une telle optimisation serait inacceptable même en accès anticipé, et encore moins pour la sortie de la version 1.0, qui plus est au prix d’un jeu AAA (ndlr : vendu 71€ sur la plupart des marchés).

Illustration visuelle pour Project Motor Racing

Pour constater ce que possédait le jeu, notre rédacteur / tester nous a confié avoir lancé le même scénario : une course avec 20 adversaires sur le circuit de Northampton (ndlr : derrière ce nom se cache Silverstone sans licence) par une journée d’hiver ensoleillée, sans conditions météorologiques dynamiques. Avec l’aide de nos proches qui ont des équipements différents, les résultats sont sans appel !
Seul les derniers PC de dernières génération étaient capables d’assurer un gameplay confortable sur PMR. Si vous possédez des configurations demandant la configuration recommandée pour le jeu, on a atteint environ 30 images par seconde (souvent très instables). Celui équipé d’une RTX 2070 Super chez l’un de nos proches, on atteignait 10 à 20 images par seconde, affichant l’image au ralenti (à cause d’un processeur bien en dessous de la configuration minimale requise).

Subtilité assez cocasse, mais dont on se passerait de lâcher un sourire en coin, réduire les paramètres graphiques n’a pratiquement aucun effet dans ce jeu. C’est-à-dire que les graphismes sont moins beaux (même s’ils ne partaient pas d’un niveau très élevé…), mais le gain en nombre d’images par seconde se compte sur les doigts d’une main, que l’on réduise la résolution ou que l’on active le DLSS ou un autre upscaler. Une amélioration perceptible, bien que toujours minime, ne se produit qu’après avoir tout réduit au minimum… et amené le rendu visuel à un état où le simple fait de le regarder fait littéralement mal aux yeux.

Cette situation cauchemardesque peut s’expliquer en deux mots : Giants Engine. Il s’agit d’un moteur dit « réputé » pour étouffer les processeurs. C’est pourquoi, lorsque vous examinez la configuration matérielle requise pour PMR, vous pouvez en gros ignorer les cartes graphiques et vous concentrer sur le CPU, en accordant une attention particulière à la mention « minimum 12 threads requis ». Cependant, c’est un euphémisme, car le jeu tue même équipé d’un AMD Ryzen 7 9800X3D, 8x 4.70Ghz. En bref : absurde, tragique, catastrophique.

Illustration visuelle pour Project Motor Racing

Optimisation ? Connais pas.

La présence des autres voitures sur la piste a ici la plus grande influence sur les performances. Lorsque vous roulez seul, la fluidité de l’animation ne pose aucun problème : dans ce scénario, on tient facilement les 50 à 60 images par seconde avec des paramètres graphiques « ultra » en résolution 1080p (ndlr : il s’agit de la configuration par défaut avec laquelle le jeu se lance sur n’importe quel PC, sans même tenir compte des proportions ou de la taille de l’écran connecté).

Et même si, lors des courses en petit comité, notre testeur obtenait des résultats tournants aux environs des 60 images par seconde, les micro-coupures, parfois sévères, continuent de se faire sentir, de sorte que le jeu ne peut pas être qualifié de confortable. Le jeu fonctionnerait de la même manière sur le PC le plus puissant testé, avec 30 adversaires en résolution 7680×1440 dit en 2K (ndlr : deuxième curiosité ceci dit en passant, dans les versions console de Project Motor Racing, c’est-à-dire sur PS5 et XSX/S, le nombre maximum d’adversaires IA a été limité à 16, cette limite devait être supprimée après la sortie, mais quelque chose nous dit que nous devrons attendre longtemps…).

Illustration visuelle pour Project Motor Racing

Quand le moteur fait plus de bruit que l’IA

Malheureusement, la situation s’empire encore lorsque l’intelligence artificielle s’immisce dans ces combats. L’IA est tout simplement médiocre. Les adversaires roulent les uns derrière les autres comme s’ils étaient attachés par une corde, ils sont à peine capables de se dépasser les uns des autres, ils créent des embouteillages dans les virages serrés et nous coupent souvent la route sans pitié lorsque nous essayons de les dépasser par l’intérieur, ou ils laissent des passages illégalement étroits.

Peu importe que leurs voitures aient le poids d’un char d’assaut et soient presque totalement insensibles aux tentatives de les pousser hors de la route mais le pire, c’est quand vous conduisez une voiture classique et que vous luttez de toutes vos forces pour obtenir une traction sans assistance sur des pneus qui ne sont jamais assez chauds en hiver, alors que vous ne voyez jamais de problèmes similaires chez les autres conducteurs : ils ont toujours une adhérence parfaite et peuvent sortir des virages en appuyant à fond sur l’accélérateur. Au moins, sous la pluie, ils ont la décence de ralentir un peu. Sarcasme…

Illustration visuelle pour Project Motor Racing

Et maintenant, imaginez que votre rival vous rattrape par derrière alors que vous menez cette lutte inégale pour la traction dans le virage et que vous vous éloignez inévitablement un peu de la trajectoire idéale. Ne soyez pas surpris si vous entendez un bruit sourd et que vous êtes poussé hors de la route : les adversaires peuvent être très réticents à se dépasser les uns les autres, mais ils peuvent attaquer le joueur avec une grande brutalité après une brève période de timidité (leur agressivité ne peut d’ailleurs pas être réglée, seulement le niveau de difficulté général, qui est d’ailleurs mal calibré). Cela vaut particulièrement pour les courses multi-classes. Accrochez-vous à votre siège lorsque vous voyez un drapeau bleu en roulant dans un groupe plus lent…

Ne soyez pas surpris si, après un tel incident, vous recevez une pénalité de temps pour avoir quitté la piste. Les juges de Project Motor Racing ne s’intéressent pas aux collisions ou aux bousculades. En fait, leur code comporte une règle très simple : si vous quittez la piste, vous recevez une pénalité. Soit une petite pénalité si cela n’a duré qu’un instant, soit une grosse pénalité si vous êtes resté sur le bord de la piste pendant plus de trois secondes (à moins que vous n’ayez ralenti presque à zéro, auquel cas ils fermeront peut-être les yeux). Et personne ne se soucie de savoir qui est responsable, à quelle vitesse vous rouliez, si cela vous a donné un avantage déloyal, etc. Sur ce point, même Gran Turismo et Forza Motorsport peuvent éclater de rire.

Illustration visuelle pour Project Motor Racing

En conclusion :

Project Motor Racing apparaît clairement comme un projet en pleine construction, un véritable « work in progress ». Le jeu repose sur une intention louable, une base solide et une philosophie résolument “old school” qui pourrait séduire un large public. Toutefois, il nécessite encore du temps, des mises à jour régulières, des ajustements et une direction créative affirmée pour atteindre son plein potentiel. Il ne s’agit pas d’un produit raté ni d’un titre défectueux, mais d’une œuvre encore immature, éloignée du statut de référence, tout en disposant des atouts nécessaires pour y parvenir si elle bénéficie d’un soutien adéquat. Une sortie en accès anticipé, proposée à un tarif plus modeste, aurait sans doute mieux reflété l’état actuel du jeu : riche en contenu sur le plan quantitatif, mais marqué par des lacunes notables dans des domaines essentiels tels que l’intelligence artificielle, la gestion des pénalités, le système de conduite et la cohérence globale de son écosystème. Malgré ces faiblesses, certains éléments sont déjà très réussis, et l’on peut raisonnablement espérer qu’à terme, Project Motor Racing s’impose comme une référence pour les passionnés de jeux de course, notamment grâce à l’originalité de son parc automobile et à la qualité de son mode carrière.

Vous pouvez retrouver Project Motor Racing sur leur site officiel : Site Officiel | Project Motor Racing pour toutes informations complémentaires.

Nous remercions infiniment GIANT SOFTWARE pour la clé du jeu fourni afin de réaliser ce test.

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