[Test] Dragon Quest III HD-2D Remake : Nostalgie ou renouveau ?
Si sur la forme le jeu tient ses promesses, sur le fond c’est moins convaincant…
Dragon Quest III HD-2D Remake commence bien, et se prend les pieds dans le tapis avec une progression inégale, un farm venu d’un autre âge et une histoire au final sans grande valeur ajoutée. Reste malgré tout un jeu qui aura marqué bien des joueurs, mais saura t’il en attirer de nouveaux en l’état ?
Si Octopath Traveler proposait une aventure originale avec un habillage néo-rétro, les darons du JRPG ont emboité le pas et proposent un rafraichissement technique. Avec la notoriété d’un grand nom comme Dragon Quest, Square Enix souhaite vous en mettre plein la vue avec cet troisième volet, mission réussie ?
Avant tout, un petit mot sur ma relation avec cette licence, dont le plaisir varie selon les épisodes. Bien que ce troisième opus soit l’un des plus appréciés des fans, je le trouve pas particulièrement marquant, notamment au niveau de son histoire que je trouve trop centrée sur l’image de l’ancienne gloire du père du héros que de sa propre épopée, ou encore son concept de mercenaire qui, malgré son côté intéressant dans la variété des classes, rend ces sidekicks tristement creux, n’ayant pas d’histoire propre. Sans compter le farm lourdingue ou certains donjons qui m’avaient paru interminables. S’agissant d’un remaster, l’histoire restera la même peu ou prou, reste à voir si le gameplay a été adapté pour non seulement adapter voire corriger les tares de l’époque, mais aussi proposer un rafraichissement pour fluidifier le déroulement de l’aventure.
Baramos a la playa
Dragon Quest III (qu’on nommera DQIII) est sorti d’abord sur NES au Japon en 1988, puis a été adapté de nombreuses fois sur différents supports, notamment sur Super Famicom en 1996 ou en 2000 sur Game Boy Color. D’abord exclusif au Japon et aux USA, il fallait passer par la case import pour pouvoir vivre cette aventure. Véritable phénomène au Japon, cet épisode sera à l’origine d’émeutes lors de sa sortie, poussant Enix à ne sortir ses jeux que pendant les week-ends. Avec près de 4 millions d’unités vendues, c’est certainement l’un des titres de la saga les plus réputés dans l’archipel nippon.

Bien qu’étant estampillé comme le troisième opus de la saga, il s’agit en fait du préquel des deux premiers épisodes. Vous y incarnez le héros ou l’héroïne qui devra suivre les traces de son père, le grand héros Ortega, disparu lors de son combat contre les forces du mal. A vous de terminer la tâche commencée par ce valeureux guerrier et de libérer les contrées de l’emprise de l’archidémon Baramos. On n’en voudra pas trop à l’histoire qui est bête et méchante, simple mais raccord avec son époque d’origine, pas question de retoucher le socle de l’histoire originelle, c’est bien légitime.
Bonne nouvelle : vous allez voir du pays, voyager dans des contrées variées avec des villages, des donjons, ou des lieux toujours sympas visuellement , avec des cultures aussi variantes, on pense notamment à cette ville typée japonaise ou les habitants parlent en haiku, ou les accents italiens, portugais ou autres, ça donne une identité simple mais facile à retenir.

Un coup de neuf
Forcément ce qui marque d’entrée de jeu, c’est la patte technique. Un monde en 3D chatoyant, dans lequel s’intègrent les sprites 2D animés, que ce soit pour les héros, PNJ ou monstres, le tout emporté par les compositions de Kōichi Sugiyama réorchestrées avec brio et qui vont filer des frissons aux fans des musiques de la saga ou aux amateurs de belles OST de jeux vidéo. Là dessus, pas grand chose à dénoncer.
Suite au décès d’Akira Toriyama, qui œuvrait sur la saga, la relève a été assurée par Yoshiya Fujisaki pour les illustrations et Naoki Ikushima pour l’artwork de la jaquette du jeu. Le titre est intégralement traduit en français, avec la possibilité de choisir les voix de doublage en anglais ou en japonais.

Autre nouveauté, l’ajout d’une nouvelle vocation : le dompteur de monstres. Déjà présent dans Dragon Quest X, il a ici une double fonction : au combat, avec des capacités physiques et des sorts, mais surtout la possibilité d’invoquer des monstres en combat pour dégommer un ou plusieurs ennemis. Son autre utilité étant de pouvoir recruter certains monstres autrement inaccessibles, afin de les faire combattre dans des arènes. Et plus vous recruterez de monstres, plus vous débloquerez de compétences uniques pour cette vocation, entre attaques ou attribution de buffs/debuffs variés. Une classe qu’on conseille d’avoir dans votre équipe pour varier les plaisirs avec les autres plus conventionnelles.
On peut ajouter à la liste des ajouts pour cette version de nouveaux sorts, la possibilité de choisir parmi 8 apparences de personnages par vocation, des options de combat ajustées, héritées notamment de DQXI pour les rendre plus accessibles : choix automatique des actions selon vos critères (attaque, soin, économie de magie…) ou à l’ancienne en manuel. Vous pourrez aussi choisir la difficulté avec pour la plus facile l’impossibilité de mourir, utile si vous avez juste envie de suivre l’histoire du jeu.
Toujours lors des combats, les héros réagissent et parlent, crient le nom des magies (et en japonais ça déchire d’entendre les sorts) Enfin, lors du choix des actions, vous verrez les personnages avec les armes équipées, ce qui n’était pas le cas avant. Des ajouts qui permettent un peu plus d’immersion, avec à côté de cela quelques ajustements plus ou moins intéressants.

Sauf que…
Passées les premières heures de jeu, jusqu’à un certain point, tout va bien, on avance de façon assez fluide, les combats comme l’exploration sont intéressants et on a envie de voir comment va se passer cette aventure. Mais vient soudain un point de rupture, qui arrivera à un moment différent selon la composition de votre équipe et des vocations choisies mais qui fatalement va vous tomber dessus : le farm. Parce que dans cette version, les ennemis disposent de davantage d’attaques et de sorts que précédemment, et certaines compositions d’ennemis vont littéralement vous pourrir d’effets cumulatifs pour vous éclater sans autre forme de procès. Ainsi, il va falloir soit chasser du monstre en boucle avec votre équipe, ou changer de vocation selon les endroits… Et farmer aussi avant de pouvoir avancer.

Si c’était rigolo de tourner en rond pendant des plombes pour monter les niveaux de votre équipe dans les années 90, à moins d’avoir du temps à perdre, c’est nettement moins fun maintenant. Alors oui, il doit y avoir un public pour ce genre de routine, mais c’est quelque chose qui aurait pu être fluidifié pour une progression plus agréable, surtout pour tenter de toucher un nouveau public. Alors oui, au moment d’écrire ces lignes, plus de 2 millions d’unités ont été vendues dans le monde, on parle d’unités achetées mais combien ont apprécié ou terminé le jeu dans sa version actuelle ?
On peut se poser cette question : à qui s’adresse ce jeu ? On imagine que les vétérans seront ravis de voir le titre amélioré techniquement en proposant les mécaniques un peu dépoussiérées, mais pour les joueurs qui veulent mettre un pied dans cette saga, passées les premières heures et l’effet « wow », il faudra passer la barrière du farm, des combats à la chaîne dans des donjons parfois longs à crever et pour au final découvrir une aventure dont les enjeux comme le déroulement sont aussi old school.
Bref le résultat restera parfaitement subjectif, reste l’espoir que chacun y trouve une étincelle pour enflammer l’intérêt pour ce jeu dont la réputation est légendaire, mais qui replacé dans la réalité actuelle pêche méchamment sur le fond.

Chacun sera touché différemment par les éléments du dernier quart du jeu, mais on ne peut nier la platitude absolue du « twist », la faiblesse narrative qui aurait pu être largement plus pêchue ou le manque d’intensité des derniers instants du jeu, enchaînant juste bêtement les combats, à vous en gaver littéralement jusqu’au combat final qui est plus long qu’intéressant. Les ajouts faits à l’histoire originale la font juste trainer en longueur, diluant un récit qui ne le nécessitait absolument pas. Comptez une trentaine d’heures pour traverser l’aventure dans sa version la plus simple, et bien plus si vous voulez la jouer avec du challenge à l’ancienne en mode normal ou difficile.
Dragon Quest III HD-2D Remake commence bien, et se prend les pieds dans le tapis avec une progression inégale, un farm venu d’un autre âge et une histoire au final sans grande valeur ajoutée. Reste malgré tout un jeu qui aura marqué bien des joueurs, mais saura t’il en attirer de nouveaux en l’état ?
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