[Test] Library of Ruina : un jeu narratif d’optimisation

Library of Ruina est un jeu trop peu connu développé par Project Moon. Et pourtant, il est déjà sorti sur PC en Early access le 15 mai 2020. Suite à quoi il est sorti d’Early Access sur PC et Xbox One le 10 août 2021. Il vient de faire une sortie sur Playstation 4 et sur Switch le 25 avril 2024. Je l‘ai testé pour vous sur Switch et je vais vous présenter mon point de vue dessus.

Ce jeu est-il fait pour vous ?

Library of Ruina est un jeu de combat tactique solo qui alterne entre petite scénette de dialogue faisant avancer l’histoire, la préparation des combats (là où vous pouvez optimiser vos équipes) et les combats au tour par tour en pixel art. Les combats sont simples à comprendre mais de plus en plus difficile à prendre en main. D’où l’importance de la phase de préparation qui vous prendra de plus en plus de temps à mesure que vous avancez dans l’histoire.

Du coup, Library of Ruina vaut-il votre précieux temps de jeu ?

Un résumé “rapide” du jeu

Le jeu tourne autour de trois grands axes : l’histoire, les combats et la préparation des combats. L’histoire est très originale avec beaucoup de profondeur. Malgré sa complexité, elle nous est contée à coup de courts dialogues. Le personnage que l’on incarne, Roland, en connaît à peine plus que nous. Et ce qu’il connaît, il nous le révélera au fur et à mesure de façon naturelle.

Les combats sont au départ relativement facile et deviennent de plus en plus durs. La partie de préparation aux combats est intéressante si on aime optimiser (ce que j’adore, donc j’étais vraiment le public cible pour ce jeu). Elle nous permet aussi de choisir le type de combat à faire : continuer l’histoire, refaire un combat précédemment fait pour obtenir plus de matériel d’optimisation (mais c’est du “light farming”, on ne le fait pas souvent) ou un combat cauchemardesque.

L’optimisation présente pas mal d’options, et même si l’interface n’est pas la plus intuitive on finit par vite comprendre comment passer d’une fenêtre à l’autre rapidement pour optimiser ses équipes. Ceci étant dit, j’ai surtout travaillé sur mon équipe principale et un peu sur une seconde équipe, pendant que je donnais aux autres équipes les builds dont je ne me servait plus. Il y a quelques options qui permettent de faire de gros changements rapidement, si on a les matériels qu’il faut.

Le tutoriel est pas mal du tout, nous apportant au fur et à mesure les informations dont on a besoin. Même si j’ai trouvé qu’il y a eu des petits ratés. Mais à force d’expérimenter, ce qui est encouragé par le tutoriel, on finit par apprendre tout seul les informations qu’il nous manque. Il m’est aussi arrivé de découvrir une feature du jeu avant que son tutoriel ne me soit présenté.

L’histoire (no spoil)

Library of Ruina s’inscrit dans une histoire qui évolue de jeu en jeu, et il n’en est que le second. (Un troisième jeu, “Limbus Company”, est sorti le 26 février 2023 sur PC et mobile.)

Le premier jeu, “Lobotomy Corporation”, sorti en avril 2018 nous fait une première introduction à cet univers déjanté, avec un goût d‘horror-Cyberpunk. Dans cet univers la société est complètement régie et contrôlée par des méga-corporations qu’on appelle des “Wings”. Il y a 26 Wings (une pour chaque lettre de l’alphabet) et chacune est responsable d’un secteur de la ville (appelé “The City”). The City est le dernier bastion de l’humanité et sa taille est équivalente à celle d’un petit pays. Chaque Wing possède une, ou plusieurs, “Singularities”, des technologies qui contredisent directement les lois de la physique.

Library of Ruina s’inscrit après les événements du jeu : “Lobotomy Corporation”. Ceci dit, non seulement il n’est pas nécessaire de jouer au premier jeu pour apprécier l’histoire du second jeu. Mais c’est même un choix qu’il faut faire. En effet, les deux jeux spoilent une partie de l’histoire de l’autre jeu.

Dans Library of Ruina, nous incarnons Roland, un Fixer (un genre de mercenaire officiel opérant pour les Wings) qui n’a quasiment aucune connaissance de ce qui s’est passé dans le jeu Lobotomy Corporation. C’est en avançant dans l’histoire que le personnage va en apprendre de plus en plus sur ce qu’il s’est passé dans l’opus précédent. D’où le fait que jouer à un jeu, spoile naturellement l’histoire de l’autre jeu.

Le début de Library of Ruina commence avec Roland qui arrive dans une bibliothèque mystérieuse. Il va devoir comprendre son fonctionnement et sa résidente. Son but sera de combattre les personnes qui seront invitées dans la bibliothèque afin de les transformer en livre.

Pour une fois, on a un jeu qui ne dresse pas un portrait simpliste d’une société. Il n’y a pas un côté tout blanc et l’autre tout noir, mais des nuances de gris variées. C’est l’un des aspects que j’ai le plus apprécié, en plus de l’originalité de l’histoire.

Le déroulement des combats

Le Gameplay va donc alterner entre préparation aux combats (la phase d’optimisation) et les combats en eux même. Commençons par ce dernier afin que le premier ait plus de sens. Le combat se déroule en tour par tour et oppose nôtre équipe et celle de notre adversaire. A chaque tour on devra choisir une carte à jouer par personnages de notre équipe et on pourra voir ce qu’a prévu notre adversaire. C’est-à-dire lequel de ses personnages joue quelle carte et contre lequel de nos personnages.

En soit c’est très simple, chacun de nos personnages a entre 1 et 4 cartes et un chiffre au dessus de sa tête. Le chiffre au-dessus de sa tête correspond à son initiative, soit l’ordre dans lequel les personnages feront leurs actions. Le premier à agir est celui avec le plus grand chiffre. Chaque carte détaille ce qu’elle fait (bloquer un coup, esquiver ou attaquer). On sélectionne une carte puis l’adversaire sur qui on va utiliser cette carte. On répète cette opération pour chacun de nos personnages et voilà, on vient de planifier le premier tour de combat. Suite à quoi le jeu va vous montrer le résultat du combat avec de belles animations bien réalisées. Le but étant d’amener toute l’équipe adverse à 0 point de vie (“HP”) pour gagner le combat et faire progresser l’histoire.

Si cette connaissance suffit pour les premiers combats, au fur et à mesure il va falloir apprendre toutes les subtilités. De nombreux autre paramètre entre en ligne de compte, tel que : 

• L’initiative et son influence sur qui affronte qui
• Le système de point d’action (“Light”) 
• Les nombre d’actions des cartes (de 1 à 4 attaques et/ou défenses)
• La valeur des dés (“1-3”, “2-6”,” 5-10”, par exemple)
• Les différents types d’attaques et leurs résistances 
• La barre de résistance au KO (“Stagger resistance”)
• Les effets spéciaux des cartes
• Les passifs des personnages
• Le niveau émotionnel du combat
• Les bonus passif offert par les niveaux d’émotions

Bref, beaucoup de paramètres à prendre en compte. Ce combat qui semblait être une mécanique simple a beaucoup d’éléments lui donnant une dimension plus tactique et profonde qu’il n’y paraît.

A savoir, il y a deux types de combats: les combats contre les invités mais aussi des combats “cauchemardesque” qui sont souvent plus difficiles et requiert de bien les lires les passifs et les cartes de l’adversaire pour gagner le combat. Ces derniers permettent de débloquer d’autres équipes de combat et ensuite d’en augmenter le nombre de membres.

Une dernière chose à dire à propos des combats, sa Direction Artistique, que je n’ai personnellement pas aimé. Les personnages sont trop petits sur l’écran, ce qui peut rendre difficile de reconnaître qui est qui et surtout, qui tape sur qui. Ce qui floute le résultat du combat jusqu’à ce que le tour soit terminé. Il y a en plus beaucoup d’informations, mais tout est écrit en petit alors que le décors utilise beaucoup d’espace. Ceci dit, une chose qui est très intéressante, c’est le parti prit de placer nos personnages sur le côté droit de l’écran. Traditionnellement les personnages “gentils” sont placés à gauche et les “méchants”à droite. Hors ici, nos personnages sont placés sur la droite dans les combats normaux mais à gauche dans les combats cauchemardesques.

L’optimisation

Avec tous ces éléments il devient évident que les options d’optimisation vont être nombreuses. De quoi perdre ceux qui n’aiment pas devoir revoir leur stratégie à chaque combat et ravir au contraire ceux qui aiment minmaxer.

L’optimisation se fait via la récolte de livres. Vous obtiendrez ces livres en gagnant contre vos adversaires. Chaque livre ainsi obtenu peut être gardé pour créer des invitations ou pour être brûlé afin d’obtenir des cartes (“Combat pages”) et des personnalités (“Key pages”). L’invitation d’adversaire est entièrement scriptée car elle permet la progression narrative. Par la suite, vous pourrez combiner différents livres (de 1 à 3) afin d’inviter des groupes plus hétéroclites et non scriptés. Mais au final je ne l’ai que rarement fait.

Vous avez donc, plusieurs outils qui s’offrent à vous. Ces outils vont se débloquer au fur et à mesure que la partie avance. Et pour n’en citer que les plus importants, vous aurez : 

• Plusieurs équipes avec des membres prédéfinis (on ne peux pas interchanger les membres entre les équipes)
• Chaque équipe possède des bonus passif d’émotions différentes
• Chaque membre d’équipe à une page de personnalité 
• Chaque personnalité offrent des bonus passifs (et l’on peut sacrifier des personnalité pour transférer leur passif à une autre personnalité)
• Chaque personnalité (y compris la personnalité de base d’un personnage) peut recevoir 9 cartes
• Chaque cartes possèdes au minimum 1 action (attaque/blocage/esquive) et peut avoir un bonus passif général et/ou un bonus passif pour une action spécifique

Il y a de quoi faire, et vous finirez par passer plus de temps à optimiser votre équipe qu’à combattre et voir l’histoire. (J’ai bien dit qu’il fallait aimer l’optimisation…)

Point tuto en lançant le jeu

Le plus gros défaut du jeu à mon sens, c’est qu’il soit par défaut en coréen lorsque l’on lance le jeu pour la première fois. (Sauf si vous parlez coréen, dans ce cas aucun souci pour vous.) Voici quelques screenshots vous permettant facilement de le passer en anglais :

Ma conclusion

Dans l’ensemble j’ai beaucoup aimé ce jeu. Mais afin de faire cet article j’ai dû m’en “goinfrer”, ce que je ne recommande pas. Autant certains jeux sont des open-buffets, où on va se mettre dessus pendant un nombre incalculable d’heures et le plus souvent possible. Tant dis que d’autres sont plutôt des repas normaux, que l’on finit en 20-40 heures, du coup on fait de belle sessions de 1 à 4 heures. Autant celui-ci j’ai plus eu l’impression d’avoir un bon goûter sucré, mais écoeurant à force d’y jouer aussi longtemps aussi souvent. Je conseille donc de le jouer par petite session et d’y revenir régulièrement pour l’apprécier à sa juste valeur.

NB. Afin de rédiger cet article, voici mes sources : 

J’ai joué un peu plus de 20 heures au jeu sur Switch via un code donné par l’éditeur du jeu. (Je n’ai rien signé avec eux, j’étais complètement libre sur ce que j’ai écrit dans mon test.)

J’ai aussi lu cette page Wiki (en anglais) sur le jeu afin de compléter mes lacunes :

• https://library-of-ruina.fandom.com/wiki/Wiki 

Et j’ai regardé ces vidéos Youtubes très informatives (en anglais) afin de m’assurer de n’avoir rien raté d’important pour mon article :

• https://www.youtube.com/watch?v=hvHeaz1mua4&ab_channel=LastMinuteEssays
• https://www.youtube.com/watch?v=5xqoHwjf_18&ab_channel=MrStaleman